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A Hong-Kong du 1/10 au 15/11/ 70

Francine et Philou à Hong-Kong

 

1 Octobre 1970.  20h. La nuit vient de tomber rapidement, un brouillard de lumières apparaît. Francine n'en peut plus, excitée comme une puce! Depuis le temps qu'elle m'entend parler de Hong-Kong, des mœurs chinoises, de mes deux grands amours "érotiques" : Diana et Mavis, de ses orchestres philippins fantastiques, les meilleurs  de  Manille...

Francine ne décolle plus du bastingage, les yeux fixés sur la côte voilée d'une étrange lueur rose. - Regarde cette luminosité, des myriades d'enseignes au néon qui éclairent la brume de chaleur, c'est pas beau ça ?

Moi aussi je suis ému, j'y ai laissé une petite tranche de ma vie... A Hong-Kong, il suffit d'aller faire un tour dans la rue pour qu'il se passe quelque chose, suffit d'observer... c'est tout.

Et puis, au réveillon de l'Hilton... l'inoublable détresse... Vers minuit, un coup de téléphone de Paris : une douleur brutale : la mort subite de mon père, d'inépuisables sanglots, l'insondable douleur, l'inconsolable chagrin, comme ça,  juste après une série de bossa-nova...


1 65 carte hong kong

La péninsule de Hong-Kong à l'époque colonie de l'Empire Britannique comprend : l'île de Lan tao à l'ouest, l'île de Hong-Kong au sud. Et sur le continent : Kowloon qui se prolonge par les Nouveaux Territoires jusqu'en  bordure de la Chine.

Les cargos arrivant de l'ouest passent entre "Lamma island" et l'île "Cheug Chau" montent au nord et viennent pour la plupart se mettre "sur bouée" en face de Kowloon.


Au loin, un portait gigantesque de MAO...!

Le capitaine nous passe ses jumelles. On distingue un gigantesque portrait de... mais oui de Mao ! La silhouette se fait de plus en plus précise, c'est un portrait constitué d'ampoules électriques... et puis, des peintures révolutionnaires, de gigantesques banderoles rouges qui font toute la hauteur de l'édifice couvertes de caractères chinois, pas besoin de comprendre pour savoir qu'il s'agit des pensées de Mao...

C'est le premier octobre et ce building de Hong-Kong, ce doit être l'ancienne Banque de Canton, juste, à côté de l'Hôtel Hilton Nous entrons dans la rade, l'île de Len Tao sur notre gauche, on est environnés de feux de positions, on croise d'autres cargos, des pétroliers, des remorqueurs, on perçoit maintenant la rumeur du port, nous sommes devant Kowloon en face de Hong-Kong...

Silence... le ronronnement familier vient de s'éteindre, depuis 17 jours on l'avait oublié, assimilé, les machines soufflent le cargo glisse sa masse va nous porter jusque là-bas, plus qu'un mille environ...

- C'est pas vrai, ça c'était pas prévu ! - Quoi ? - Merde c'est trop con, ça alors - Qu'est-ce qui t'arrives mon Philou ? - Tu vois pas qu'on nous laisse là, sur bouée ... - ???  - Va falloir se farcir la passerelle, le ponton, le wouala-wouala et tout le merdier...

Francine n'a pas l'air de réaliser ! c'est vrai que ça ne fait vraiment pas sérieux un bateau qui t'abandonne comme ça, au beau milieu de la rade ! On n'est d'ailleurs pas les seuls tout autour de nous, des feux de positions à perte de vue... - On nous laisse en rade quoi ! Francine se marre.

J'avoue ne pas avoir apprécié sa légèreté, c'est que les chinois, je les connais, vont profiter au maximum de la situation pour ramasser un paquet d'argent et déjà qu'il ne nous en reste pas des masses !

- Pourquoi on ne va pas à quai ? - C'est trop cher et puis y'aurait jamais assez de longueur de quai pour cette centaine de bateaux, ce sont tous des gros tonnages.


Une armada de jonques...

Sitôt le cargo immobilisé, une armada de jonques de toutes tailles, pour la plupart vieilles et crasseuses, viennent se coller aux flancs du nouvel arrivé.  - Qu'est-ce qu'ils viennent faire à cette heure-ci, il est plus de 11 h...  -Tu parles !, la place dans le port coûte très cher, ça va bosser jour et nuit pendant 48 h, peut-être plus...

Soudain, c'est l'invasion : d'abord les parents qui viennent accueillir l'équipage et d'autres, beaucoup d'autres, qui montent à bord en piaillant ; des petites femmes, râblées s'activent dans leurs grands pyjamas flottants, elles nous bousculent comme si nous étions des objets encombrants.

On devine des ordres, leur tohu-bohu paraît organisé... "Qu'est-ce qu'elles font ? -Tu vas voir..."


Notre cargo ouvre ses cales...

Déjà les mâts de charge se dressent au-dessus des cales qui viennent de s'ouvrir, béantes ; des projecteurs s'allument balayant toutes les parties actives du pont, tout le monde s'affaire, pas une seconde n'est perdue, ça swingue !

Se sentant un peu de trop, on se penche tout de même au-dessus du vide.

Trois étages en dessous, c'est la fourmilière : toutes ces femmes sont venues pour le déchargement et travaillent aussi fort que leur mari. Toutes ces familles vivent sur ces jonques agglutinées autour du bateau dans lesquelles les mâts de charge entreposent la cargaison destinées à Hong-Kong . D'après le capitaine, il y a absolument de tout, des parfums, des alcools, des peaux de lapins, des pièces de voitures, n'importe quoi...

8 h k les jonques

Photo prise du bastingage. Des jonques viennent se coller le long de la coque pour y recevoir des cargaisons de toute sortes, des familles entières y travaillent, y vivent... Une longue corde attachée au gamin lui permet de jouer partout dans cet espace !


Le capitaine...en service !

Il fait un peu la gueule le capitaine. De service, après 17 jours de mer, il est là pour la nuit à superviser, bordereau à la main, tout ce qui sort du bateau presque tout l'équipage est déjà à terre, moi je sais où ils sont déjà partis : A Wan-Chai, c'est le plus près !

Il nous explique : certaines jonques travaillent à leur compte, d'autres pour des compagnies privées.

Des chinois, hilares, encombrés de minuscules et multiples petits paquets, péniblement rassemblés par plusieurs tours de ficelle, embrassent leurs parents venus les rejoindre sur les "wouala-wouala", ces barques-taxis qui font la navette entre la terre et les bateaux sur bouée. Plusieurs d'entre eux attendent leur tour, le nez en l'air, pas souriants.

- Non mais réalise un peu ! Va falloir descendre la passerelle et mettre tous les bagages, tout notre bordel sur cette petite barque qui n'arrête pas de rouler ! Ça va pas être de la tartre !


A bord, la vie semble arrêtée...

La compagnie, de toute façon, a rempli ses obligations, ne sommes-nous pas à Hong-Kong ? Plus un seul visage connu sur le bateau, tous ont filé à terre. Seul un des maîtres d'hôtel chinois est assis dans la salle à manger, il a l'air de discuter pognon avec d'autres chinois, certainement des parents : il nous regarde, on est arrivé, fini les sourires.

On monte sur le pont. - Là-bas, à environ un kilomètre, c'est le promontoire de Kowloon ; plus loin, les Nouveaux Territoires et, au fond, à 40 kms, ces montagnes, c'est la Chine de Mao.

- Le portait de Mao c'est dans l'île de Hong-Kong, les buildings, c'est Victoria, le quartier des affaires. 

Avant de s'occuper de quoi que ce soit, Francine veut descendre à terre. Nous faisons signe à un wouala-wouala, et les yeux grands ouverts, mouillés par l'écume, par les embrums poisseux, ballotés dans la frèle embarcation mais trop excités pour nous assoir, nous fixons les lumières de Hong-Kong, ébouriffés par le teuf-teuf du moteur, dans une odeur de bouffe permanante : on est en Asie.


Descendre dans le "wouala-wouala" ...

On sort nos 8 caisses de la cabine, une malle en fer pèse au moins 50 kg,  elle contient plus de 600 posters, il faut bien les emmener, ça peut servir. 

En bas de la passerelle, fixée au bateau, un petit ponton en bois de deux mètres sur trois permet aux petites embarcations d'accoster plus facilement.

Si le cargo est stable, la passerelle branle, elle nous secoue... le ponton lui, suit le mouvement de la mer et le "wouala-wouala"  encore plus ! Dans cette sorte de barque, deux chinois, presque des gamins, nous regardent nous démener sur la passerelle, ils ne se sentent pas concernés, ils se marrent plutôt...

Un à un, péniblement, on descend nos paquets dans le wouala-wouala en équilibre au-dessus de l'eau. " Tiens bon, Francine, c'est notre fortune et notre gagne-pain ! "  Essoufflés, on se laisse mener à quai, c'est la partie la plus pénible du voyage. Là, il faut monter des marches et la première est dans l'eau..et ce you you qui roule comme une coquille, sûr qu'on va se casser la gueule, ça nous pend au nez...!

Aussitôt un attroupement se forme. Les deux chinois qui manoeuvre le bateau sont si petits, si frèles qu'on est obligé de faire pratiquement tout le déchargement sur le quai. On a l'air de les étonner, ils n'ont sans doute jamais vu un "gweilo"  faire du travail de coolie !

Le "wouala-wouala" nous dépose à l'embarcadère de la presqu'île de Kowloon à l'embarcadère des ferry-boats. Départs tous le 5mn pour l'île de Hong-Kong, déjà, nous distinguons un attroupement au pied de cette fameuse "Banque de Canton devenue communiste".

Des spots puissants illuminent les façades décorées et tout ce monde veut prendre des photos. Des groupes de jeunes gardes rouges, chemisettes blanches, jupes ou pantalons en toile bleue marine, petites nattes ou cheveux courts pour les filles, se font prendre en photo en mimant des tableaux révolutionnaires.

L'oeil est grave et déterminé, il exprime la volonté et l'énergie du communiste exemplaire. Le poing tendu, le corps cambré avec souplesse. Quand la photo est prise, le groupe sébroue et éclate de rire. Au milieu d'eux, personne ne fait attention à nous.

 De l'autre côté du trottoir, aux portes de l'Hôtel Hilton, quelques blancs inquiets les regardent, mal à l'aise.

Certains prennent des photos des gardes rouges, ça ne peut pas être la fête pour tout le monde à la fois, dans dix jours ce sera la fête de la Chine Nationaliste (Formose); là, on retirera les milliers de drapeaux rouges, quelques drapeaux de Chang Kaï chek apparaîtront, timides.

Au mois de décembre, les catholiques auront la visite du pape, à défaut de drapeaux, ils auront droit à voir un bel avion tout blanc.


Enfin ! à Hong-Kong.

- Hé ! la mère Francine, mate un peu, c'est pas un peu dingue ça ? La colline de Hong-Kong est là, en face, imposante masse de verdure plantée dans un champ de buildings immenses rivalisant d'harmonie et de couleurs : du verre à l'acier.

Deux camionnettes stationnent déjà devant les valises, ils ont l'œil ces Chinois !  ils  ne parlent pas un mot d'anglais mais pour discuter pognon, c'est pas un problème.                 

3 65 arrivee hk par ferry

Photo 1970 : prise d'un ferry. Le petit gâteau blanc à l'extrème gauche, c'est le "Hong-Kong Club" aujourd'hui disparu. Sur la droite, on peut apercevoir l'antique poste anglaise  (19e siècle)


Arrivee a hong kong

Photo 1999 ! ! ! : Arrivée du ferry : Hong-Kong est méconnaissable !


Des jeunes "gardes rouge"...

Le "wouala-wouala" nous dépose à l'embarcadère du ferry-boat et tout de suite nous distinguons un attroupement au pied de cette fameuse "Banque de Canton communiste". Des spots puissants illuminent les façades décorées et tout ce monde veut prendre des photos.

Des groupes de jeunes gardes rouges, chemisettes blanches, jupes ou pantalons en toile bleue marine, petites nattes ou cheveux courts pour les filles, se font prendre en photo en mimant des tableaux révolutionnaires. L'œil est grave et déterminé, il exprime la volonté et l'énergie du communiste exemplaire. Le poing est tendu, le corps cambré avec souplesse.

Quand la photo est prise, le groupe s'ébroue et éclate de rire. Au milieu d'eux, personne ne fait attention à nous. De l'autre côté du trottoir, aux portes de l'Hôtel Hilton, quelques blancs inquiets les regardent, mal à l'aise.

Certains prennent des photos des gardes rouges, ça ne peut pas être la fête pour tout le monde à la fois, dans dix jours ce sera la fête de la Chine Nationaliste (Formose) ; là, on retirera les milliers de drapeaux rouges, quelques drapeaux de Chang Kaï Chek apparaîtront, timides. Au mois de décembre, les catholiques auront la visite du pape, à défaut de drapeaux, ils auront droit à voir un bel avion tout blanc.


Le Hong-Kong Club :

" Tu crois que les "Duchemin's" sont toujours là ? Ils sont peut-être partis... Depuis 4 ans que tu les as pas vus... - Mais non, ça fait plus de 20 ans qu'ils sont en Extrême-Orient, où veux-tu qu'ils aillent ? Quand on arrive après un coup de fil, la table est mise, on nous accueille avec chaleur, quel pied ! Merci Simone. (A la mort de mon père les Duchemin's m'ont hébergé dans l'attente du prochain bateau pour mon retour en France...

Revoir la page "Macao, mort de mon père".


Mon copain Choï.

Salut Choï ! Choï est toujours là dans son beau bureau tout bleu d'Air France. En vitrine, un Concorde est venu magnifier ce que sera le voyage de demain : un déplacement d'air, si on est à quelques heures près pour découvrir un pays !... Choï est chinois, cantonnais. Il a fait ses études au Japon, pendant la guerre, j'ai jamais pu en savoir plus sur cette période de sa vie...

Il a passé deux ans en France où il a appris son excellent français mais aussi la rigolade, ce qui fait de lui un guide fantastique ; il suffit de lui amener une petite française !


L'Empire du milieu ...

A Hong-Kong, nous ne serons jamais que d'horribles "gweilo", des étrangers, roses comme des cochons, les "barbares de la mer" comme on nous appelle, en opposition aux "barbares de la terre" que représentaient les mongols.

Eux, c'est l'Empire du milieu… cerné… Ce n'est pas une langue mais une civilisation qui nous sépare, une autre façon de se comporter, d'évaluer. Si on essaie de se faire comprendre par des gestes simples, c'est la rigolade autour de toi, car les mêmes gestes ont des significations différentes ; par exemple notre geste de la main signifiant "au revoir" les invite à venir !

Pour Tintan, leur raisonnement, c'est un paquet de vermicelle trop cuit et Tintan, ça fait un moment qu'il a débarqué à Hong-Kong ! Un langage commun pourtant et de taille puisque c'est une clé du raisonnement chinois d'Hong-Kong : celui de l'argent.

On ne verra jamais de futilité dans nos rapports, tout juste un peu de courtoisie, pas de servilité, beaucoup de fierté et énormément de mépris pour tout ce qui n'est pas chinois.

On leur découvrira une énorme force de caractère, une pensée qui suit son chemin avec concentration.


Wan-Chaï

Choï nous emmène ce soir à Wan-Chaï le village flottant. Nous sommes six : deux voyageuses : une française et une américaine qui viennent du Japon et qui repartent sur Singapour, une autre française : Michelle, femme d'un interprète des Nations-Unies qui habite Bangkok et qui vient à Hong-Kong pour quelques mois ; elle s'est inscrite au New-Asia-College et commence vaillamment l'étude du mandarin.

Arrivé à Wan-Chaï nous descendons du bus et dès que nous approchons de l'eau, des grappes de filles se mettent à gesticuler dans notre direction, car Wan-Chaï est surtout connu comme bordel flottant. Des gamines de seize ou quatorze ans, des femmes plus mûres et des grands-mères grimacières pour surveiller la volière nous haranguent dans un cantonnais râpeux et gouailleur, c'est loin de nos prostituées super-sexy et supercosmétic !

En pyjama ou en sam-cham boutonné jusqu'au menton, style plutôt saut du lit, sans aucun maquillage, elles nous font de grands signes et crient très fort, on a plutôt l'impression de se faire engueuler ! Dans la pénombre, un fourmillement de barques agglutinées forme un enchevêtrement de mâts, perches, cordages, qui dodeline sur l'eau et laisse deviner toute une activité nocturne.

Sous des bâches ficelées entre 4 bambous, c'est capharnaüm et n'importe quoi, assemblages misérables de linges pendouillés sur des enfants rigolards. Une odeur de riz frit, appétissante, se fraye un passage jusqu'à nous, quelques chinois s'adonnent à leur grande passion : le jeu de ma-jong.

Brr... il faut tenir une sacrée crampe pour suivre une fille dans ces barques obscures, au milieu des regards hostiles ! Mais là n'est pas le but de la soirée, n'est-ce pas Choï ?

Wan-Chaï n'est pas un endroit touristique. Ce sont des chinois aisés qui animent le commerce du village flottant. Personne ne parle anglais, à part les filles qui savent juste marchander. La principale attraction reste les promenades en "sam pan". Après avoir discuté du prix, Choï nous explique qu'on ne rend jamais la monnaie, c'est convenu comme ça, son sourire se fait malicieux pour nous faire comprendre qu'ils ne sont cependant pas voleurs puisqu'il n'y a pas d'étrangers...

Nous descendons dans le sam pan : une vraie caisse à savon, le fond est plat, tout en teck, la plage arrière est beaucoup plus haute que l'avant : c'est là que vivent une ou deux familles chinoises. Certains sampans sont aménagés, comme le nôtre, pour des promenades romantiques mais juste pour la soirée, car le sampan est une maison d'habitation à peine plus grande qu'une niche à chien confortable.

Nous avons droit à quelques chaises longues autour d'une petite table branlante. Sur la plage arrière, une femme aux bras musclés a l'air particulièrement désagréable, elle godille en silence, le visage hermétique. Choï confirme : elle nous a pris en grippe.

Le sam pan glisse sans aucun bruit, pas même le clapotis des vagues ni celui de la godille ; tout est parfaitement calme, une brise légère vient atténuer la lourdeur de l'air. La femme a éteint la lumière du bateau et le balancement imperceptible du sam-pan berce notre rêverie.

De loin en loin nous croisons d'autres embarcations et des couples chinois qui, comme nous, profitent de la douceur du soir et se font discrètement la cour . Une petite barque éclairée d'ampoules multicolores se met à tourner autour de nous : c'est le restaurant.

Le père godille, sa petite fille, dix ans environ, calligraphie sérieusement d'énormes caractères sur un grand cahier. Le pinceau bien droit dans sa petite main, elle a l'air drôlement concentrée, la gamine. Soudain, elle nous voit, ses yeux brillent.

Elle pose son pinceau, pousse son cahier sous une petite tablette : elle devient immédiatement commerçante :"Ni yôo pôu yôo ?" Elle nous désigne différentes sortes de soupes fumantes , avec toutes sortes d'ingrédients à la carte : vermicelles, nouilles, glosa, to fou. Une seconde barque nous accoste, emplie  de fruits de mer, tous vivants.

Une autre encore avec des boissons. Un autre "sam pan" bouscule ce petit monde, c'est le bateau-orchestre composé d'une chanteuse, l'air revêche, assez jolie et d'une  batterie modèle 1925 derrière laquelle se tient un chinois cravaté.

La chanteuse nous tend le "menu" sans rien dire. On est si surpris…  Mélodies chinoises ? Pour couper court on lui commande 3 chansons, les 3 qu'elle préfère… Choï mon vieux copain qui travaillait à Air-France a l'air de beaucoup s'amuser, on peut deviner   tout un langage muet entre "notre guide" et " l'orchestre".

 C'est parti, nous écoutons déroutés et bien incapables de porter quelques critiques que ce soit sur cette musique totalement étrangère à notre accoutumance occidentale : tout diffère, la voix, l'attaque des notes, la mélodie qui nous semble impossible à retenir, pas évident pour un musicien de se laissez acclimater.

Elle s'accompagne elle-même sur un espèce de banjo qui, pour nos oreilles, n'est pas accordé


La musique chinoise :

Choï, notre chinois décadant, comme on l'appelle, nous fait un petit cours sur la musique chinoise : " Nous, on n'a que cinq notes dans notre gamme : do, ré, mi, sol, la, mais ces cinq notes ont des significations différentes, chacune représente une planète, un point cardinal...

- Vous en avez cinq ? - Oui, en plus des quatre que vous connaissez, nous avons le centre puisque nous sommes l'empire du milieu. Nous avons aussi cinq couleurs représentées par ces cinq notes   et cinq éléments tels que l'eau, la terre, le feu, le métal et le bois.

Je crois aussi qu'elles ont une signification politique représentant l'empereur, les ministres, les civils, les affaires d'Etats et les objets matériels...

- T'es une vraie encyclopédie ! Choï," Il éclate de rire, nos comparaisons l'amusent toujours !  Il comprend même l'argot, Choï, m'a même demandé de lui dé-gotter-une-nénette-blonde-qu'a-des-seins-comme-des-pigeons !!


Aberdeen

Deux petits Sampans pour touristes... A gauche on aperçois les banquettes...

Choï essaie de nous expliquer... Il se sent mal à l'aise,car il sait que tous ces gens sont communistes... Lui, fait figure de traitre… Lui se sent chinois et occidental à la fois, travaillant à Air-France, il a tellement voyagé ! Le cul entre 2 chaises !

Il nous apprend que toutes les jonques sont maintenant contrôlées par le syndicat des dockers qui oblige tous ces gens à suivre des classes de propagande. On est assez étonnés de l'importance des communistes  à Hong-Kong et surtout de leur assurance.

Depuis la Révolution Culturelle, toute une partie des ouvriers, de la police, des dockers et des étudiants se serait laissée séduire par Mao… Par conviction ou en prévision du jour peut-être proche ou Hong-Kong sera englobé par la Chine ? Comme disaient déjà les anglais lors de mon premier séjour à Hong-Kong en 66 : "They just have to phone"…


Presqu'île de Kowlon

Nathan road kow loon

Photo récente : "Nathan road" qui monte au nord, tout droit vers les "nouveaux territoires en bordure de la chine...


Au "Go Down Bistro"

15 octobre 70  Demain soir, on commence à chanter au "Go Down Bistro", deux soirs par semaine, 80 dollars H-K par soir (1 $ H-K vaut environ 0,70) C'est pas loin d'être rien du tout mais ça vaut mieux que l'inactivité, ça va surtout nous dégourdir la voix après deux mois de repos, la mécanique va sûrement grincer !

Sandro mon ancien chef d'orchestre est intéressé par notre duo en tant qu'imprésario. J'avais travaillé six mois dans son orchestre italien au "Den" du Hong-Kong Hilton. (page "Lulu musico au H-K Hilton" ).

Il nous a présenté au manager de la chaîne des Hôtels Hyatt où il joue actuellement, mais, avec notre chance habituelle, ils font signer des contrats de six mois en six mois et nous ne sommes qu'au deuxième mois ! Il faudra attendre mars. Pour notre consolation, Sandro dit que nous avons plu au manager !

Article en chinois 1

Traduction : All Stars show présente:  "Pi loo" et sa sœur cadette "Fa lan si" Le célèbre Duo français "Fa lan si" et" Pi loo" chanteront deux chansons folkloriques au programme "All stars show" RTV. Ces 2 chanteurs originaires de France ont voyagé à travers l'Europe et l'Amérique pour chanter autour du monde. Ils ont été accueillis à l'Expo 70 d'Osaka ! ( ???) Faisant une tournée dans le sud-est asiatique, ils sont en ce moment à Hong-Kong. RTV profite de leur séjour ici pour les présenter sur l'antenne.


 China mail 1


"Panique" au Go domn Bistro...

27 octobre 70.Tous les soirs dans notre bar irlandais "Go domn Bistro", on a du  adapter notre répertoire : les anglais nous demandent des chansons de Jean Sablon et de Charles Trenet ! (Jean Sablon très connu à Londres pendant la dernière guerre), les chinois des musiques de films...

Au "Go Down Bistro", les clients, beaucoup de couples, parlotent doucement. Les bougies sculptent les visages, la plupart des femmes sont belles : indiennes en sari et chinois fiers de l'être. Ce soir, un groupe d'irlandais. Vers 9 h, ils sont encore calmes, à minuit, ils chanteront sur la table, même sans nous ; ça part au quart de tour les Irlandais !

On branche les jacks, notre "territoire" est vraiment exigu : un mètre carré pour nos deux instruments, nos deux micros et nous-mêmes, on s'encastre, c'est vraiment un duo !  On attaque "Raindrop keep falling in my head !", je lève machinalement les yeux au-dessus de la table qui me limite l'espace :

DIANA ! ! Oui, c'est bien elle, elle est là qui me sourit... accompagnée d'un anglais, peut-être son mari, ça fait 5 ans qu'elle a subitement disparu de ma vie !  La panique...! (relire la page "La vie d'un musicien à Hong-Kong" )

Son mec ne comprend pas... Mon trouble s'installe… Il la regarde, elle, elle dévisage Francine, me fait un timide : "Bonjour Lucien...".

Les jambes me manquent..., je reste bouche ouverte... "Ben alors l'père Philou faut t'remettre, t'as des misères ?... - C'est Diana, là… devant..."

On continue  lamentablement  notre "Raindrop", Francine n'assure plus, moi non plus d'ailleurs, elle fait des accords bidons, se fout à contretemps, pauvre Francine, c'est de ma faute, je lui ai trop parlé de Diana, de mon premier amour chinois, de ma découverte de l'érotisme, c'est vrai que ça pose plein de questions ces filles occidentales, ça veut tout savoir sur l'amour...

Alors la franchise, ça peut faire du dégât. Francine subira pendant deux mois cette inquiétude et moi, eh bien ! J'avoue avoir fait quelques démarches pour revoir cette fille, sans succès, puisque je n'étais plus "libre".


Un contrat pour la Corée ?

8 novembre 70. Alex (journaliste italien) nous a téléphoné de Bangkok, (lire  son article "Dum soldier play to sheep !" qui avait fait la une de tous les journaux d'Hong-Kong en 1965 ! (Le marin français qui gardait des moutons à la base de Istres"  Page : "Lulu musico au H-K Hilton" .

Alex a cherché à nous joindre : il a téléphoné à Sandro. Alex avait écrit à tout hasard à Séoul pour nous trouver du travail. Il nous fait dire de lui envoyer un télégramme si on est libre et d'accord :

 "Deux mois de contrat à partir du 1er décembre 70, 700 U.S.dollars par mois nourris ,logés, voyage aller payé, dans le plus grand hôtel de Séoul" Depuis qu'on chante, c'est bien la première fois qu'on nous paie le voyage, quelle surprise ! On est dingues !! .


13 novembre 70. Alex vient de nous envoyer un câble : il faut envoyer un télégramme  à Séoul à un certain Mr. Barba pour donner les caractéristiques des  passeports, ça se précise ! La mère Francine ne tient plus en place ! :

" Ecoutes, minou, t'affole pas, tu sais, j'ai tellement connu de  contrats à l'étranger qui ont foiré ! si je les avais tous obtenus, j'aurais déjà fait deux fois le tour du monde...un visa qui manque, un type malade, une grève des postes... un des passeports pas en règle, y'a toujours la connerie du musicien pas prêt...  "Merde, tu me fous la trouille ! "  - Attends d'avoir le contrat. - Tu es toujours pessimiste ! - On verra..."


à propos de notre répertoire...

Francine a un peu de vague à l'âme : " …oui, sans doute, notre répertoire parfois s'abandonne à des succès  commerciaux comme la "La vie en rose" ou "C'est si bon", sans doute…,

- … mais dans l'ensemble on tient bon sur le fond : on continue à chanter  une bonne proportion de chansons françaises, c'est pas si facile...            - Chansons-voyage", tu t'rappelles ?, une idée qu'on avait lancée comme ça dans la féerie du départ...

- Wouai…!  Chanson-voyage, nous a bien vite fait comprendre qu'il fallait "chanter pour poursuivre le voyage"  " Vivre pour la chanson"... c'était rester en France...!


 En attendant, quelques pubs...

Pub relax 1


Et le goût du public ?

Texte de Francine : Ce soir, trois jeunes français sont venus nous voir. ça cause "Art et Civilisations", des "intellectuels" sans nul doute.

Ils nous réclament Brassens, Barbara, Hélène Martin... Pour leur faire plaisir, on leur dit qu'exceptionnellement on va leur chanter une vieille chanson du folklore français, qu'on leur chantera Brassens à la maison, etc. Ils sont ravis.

Pour nous c'est le test. On entame "Elle file : musique et paroles du XVI siècle, à 4 voix, d'une beauté grégorienne, elle départage infailliblement la réelle sensibilité musicale du vernis artistique universitaire.

Dès les premières mesures, ils reprennent leur conversation, l'un d'entre eux se lève pour aller pisser. Radical, c'est concluant.

Les américains, eux, sont toujours déçus. Quand ils réclament du folklore français, ils s'attendent à écouter du folk américain avec des paroles françaises, tout persuadés qu'ils sont que le folk est uniquement américain : on leur donne de la "musique d'église". Ils s'endorment très vite mais avec au moins l'excuse de ne pas comprendre les paroles.

Le plus mauvais public reste indubitablement le public français. Snob, trop orgueilleux pour être simple, peu cultivé dans l'ensemble, son manque total de spontanéité ne peut même pas compenser son inaptitude à la musique ;

je pense à la spontanéité des italiens ou des espagnols et au sens musical des allemands et des scandinaves. Trop superficiel pour écouter, il n'aura dans le meilleur des cas qu'une réaction : trouver la critique intelligente et originale qui le mettra en valeur sans que la musique en question soit réellement concernée : un prétexte tout simplement.


"Artiste musicien" ! C'est pas un métier ça ! Je n'ai jamais  oublié ces propos tenus par 2 flics, en mai 68, sur le Pont Neuf, j'étais en solex et sortais du Slow-Club !!

Les artistes ne sont nulle part plus mal considérés qu'en France. Partout où nous sommes allés jusqu'à maintenant, nous avions notre statut de musicien ou d'artiste. Munis de cette carte on pouvait se présenter devant des autorités administratives.

En 1968, quand tous les musiciens en grève sont allés demander un statut, une carte, le père Malraux, Ministre-de-la-Culture, nous a rappelé avec ferveur : "… mais vous êtes les "Troubadours du XXe siècle et les impresarii : les maquereaux" ... ce qui était déjà beaucoup moins faux...

On attendait quand même un peu plus de l'auteur de la "Condition Humaine". Merci pépé !


Cocktail à bord...

Hier, Simone Duchemin nous a eu un petit cocktail sur un bateau de guerre qui mouillait pour 4 jours. Chaque ressortissant français doit, soit inviter un marin, soit un sous-off, soit un officier supérieur, "suivant sa classe sociale."

Simone s'est réservé le Pacha, nous on se demande bien qui on aurait pu inviter... Le cocktail fut tout en papotage-à-paillettes, en médiocrité-endimanchée, les regards glissaient sur nous, indulgents, furtifs, des troubadours sur un torpilleur !

Il faut de tout pour faire un monde...

- Un monde chantant ou un monde torpillé ?

- Arrête tes conneries ! faut qu'on ramasse nos 300 H-K dollars, plus qu'une heure à tenir...


Au "Hong-Kong Club"

- Qu'est-ce que vous prenez ? - Gin Fizz. - Pour moi, ce sera un scotch.

On bavarde avec Eddie Duchemin, le gérant du "Hong-Kong-Club", ce petit palais tout blanc, de style victorien, adossé à la bourse de Hong-Kong et possédant son propre terrain de polo ; le "Hong-Kong-Club", symbole du colonialisme britannique, surmonté du drapeau de l'Union-Jack, est situé dans un des terrains les plus chers du monde. Le père Duchemin nous confie :

- Les femmes ne sont admises qu'au 1er étage et sur invitation seulement. Le deuxième, c'est le domaine des hommes, ils sont tous pédés, ces anglais !

Nous franchissons une large porte capitonnée : "Snoozing- Room"

- ???  - Ah ! vous connaissez pas ça, hein ? - ???  - C'est la dénomination officielle et c'est strictement réservé aux hommes membres du Club. Ils vont y piquer une ronflette quand ils ont trop bu et trop bouffé, les places y sont jalousement réservées !

En bas, bowling, billard, salle de gymnastique, vélos statiques sont là pour vous faire conserver l'allure de gentleman, le vibromasseur pour étayer les bidons peu seyants et regaillardir les cuisses ramollies.

Partout, bien sur, un bar à proximité est prévu pour stimuler vos efforts.   - - Vous connaissez la dernière ? L'autre jour, on a fait un pari avec les anglais. Au Whisky, on les bat pas, c'est sûr, mais nous, les français, le pinard, ça nous connait ! On les torche !

Avec le Dr Desmond on les a pris, ah ! il était de congé ce soir-là, ah ! ça, on les a eus, si vous aviez vu ça ! En quittant le Club, il ne tenait plus tellement sur ses quilles mais quand il m'a dit au revoir, il était plutôt fier !

"T'as vu Eddie", qu'il m'a dit et il est parti, se coucher… Malheureusement, 2 heures plus tard, il a été appelé pour une urgence, une urgence peu commune ! : trois marins pédés s'étaient fait des choses et un qu'était un peu trop jaloux a mordu la sucette de l'autre, paraît que c'était pas joli-joli, et, Desmond, avec sa biture, est allé recoudre tout ça...

Je n'sais pas ce qu'il a pu faire mais ça a sûrement dû laisser des traces !!! Et Mr Duchemin de s'étouffer de rire, des histoires comme ça, ça fait quand même bien passer le temps.


Jeudi 26 novembre 70. Au réveil, on découvre un mot glissé sous la porte : "Philou, the contract has arrived, let me know if you are still available." Ça alors ! le contrat est arrivé, prudent l'Alex, il nous demande si nous sommes encore libres !

En 5 mn, c'est la révolution dans nos esprits, branlebas de combat. Je pense aussi sec : les visas... Francine, terre à terre : - La vieille ne me fera plus chier ! On fout le camp !

Merde il va faire froid en Corée, on s'en fout, c'est reparti ! Vendredi Toujours pas reçu les tickets pour Séoul. Le contrat, c'est bien, mais sans ticket, on est cloués !

Lorsque nous avons acheté à San Franscico nos passages San Francisco-Hong-Kong, la "Knutsen Line" nous avait exigé un billet de sortie d'Hong-Kong sinon l'immigration ne nous aurait pas laissés entrer, la compagnie ne voulant pas d'ennui avec sespassagers. Nous avons donc acheté, la mort dans l'âme, 2 billets aller Hong-Kong Yokohama, convertibles en n'importe quelle compagnie, valable un an et même remboursable en argent liquide.

Etant à sec, nous allons au bureau de la compagnie pour récupérer l'argent, nous en avons besoin pour acheter un "Echo réverb" afin de compléter notre sono. Comme en Corée, il n'y a pas grand chose à acheter, nous n'aurons sûrement aucun mal à le revendre.

Toujours ces supputations délirantes ! tant pis, on verra bien, si les billets arrivent avant lundi soir, on y va, sinon, on chantera chez Aldo et on bouffera des spaghettis à volonté... Evidemment, c'est pas la même paye ni le même paysage...

Notre emmerdeur chinois frappe à la porte de notre chambre. Surprise, il arbore un grand sourire. ça sent mauvais, qu'estce qu'il a encore trouvé. Il a son livre de comptes à la main.

- Next month, you paie more : 33 H-K $ by night. O.K. ? tree dollars more O.K. O.K, ?

Ça le démange, il doit se réveiller la nuit pour faire ses additions. Peut pas voir nos gueules, comme on ne déloge pas il augmente, va bien nous faire décoller...

- I dont't know, I'll tell it to my friend. Je ne sais pas, j'en parlerai à mon amie, je lui rends son grand sourire, j'ai plus envie de m'énerver.

Francine en rajoute : -Y'en a marre, si on part, on va faire téléphoner Tintan toutes les nuits à 2, 3 h du matin, c'est interdit par le règlement du Guest-House, il s'en fera une joie, lui qui ne dort jamais à cette heure-là - "Allo, c'est combien la chambre 5" ?

Quel pied il va prendre le Tintan, ça fait des années qu'il gueule après les chinois, lui, il est pour la manière forte : "S'ils te font chier, tu les fais chier encore plus."

Inutile d'insister sur les grossièretés verbales ou mimées qui suivent ses digressions. Je ne sais pas s'il obtient des résultats mais, depuis des années, il gueule, il a le punch, c'est sa façon à lui de ne pas se faire dévorer.

Samedi 28 novembre 70 9 h 30, le téléphone sonne, les billets sont arrivés, quelle pagaïe ! Maintenant, il y a tout à faire, les valises, ranger le matériel, ouvrir un compte dans une banque américaine pour pouvoir sortir l'argent de Corée et trouver de l'argent pour acheter ce fameux écho devenu indispensable. On recherche Alex, car sur les billets aucune mention ne concerne les bagages et les 140 kg doivent être payés par l'hôtel, c'est stipulé sur le contrat…

On tombe sur Sandro. - Il ne faut surtout pas enregistrer votre matériel comme bagage accompagné ! C'est 10 fois plus cher et le manager ne voudra jamais payer, j'ai l'expérience en tant que chef d'orchestre : allez à l'aéroport 24 h en avance et faites-les voyager comme fret. Insister pour qu'ils partent en même temps que vous, vous leur dinnerez un bon pourboire et vous aurez vos instruments en même temps que vous... Ouf! sérieux et précieux renseignement, d'après Sandro on allait faire une sacrée gaffe !

9 heures, on s'amène à l'aéroport, pas de problème, ça coûte 110 US dollars. Alex nous téléphone : -Alors qu'est-ce qui se passe ? - On a fait enregistrer le matos comme fret . - Quoi ? mais vous êtes fous ! le manager de l'Hôtel : Barba va devenir dingue s'il apprend ça, c'est tous des voleurs en Corée...vos instruments n'arriveront jamais en même temps que vous...  Oh ! la ! la !.. Il est furieux par le fait qu'on ai pu écouter les conseils d'un autre (italien !). Faut dire qu'il ne nous en donne pas beaucoup, l'est tellement succeptible qu'on ne peut rien lui dire.

Mardi matin 1er décembre. Alex téléphone à l'aéroport pour que les bagages ne partent pas. Il nous accompagne à l'aéroport. Là un problème de taille nous attend. Ils ne veulent pas accepter le surplus si on ne paie pas à Hong-Kong. - Mais vous serez payés là-bas  ! - Impossible.

Alex pique une crise, sort des insultes en anglais, en italien et même en chinois, paraît qu'elles sont assez raffinées !

Il menace, sort le contrat, les billets et tout le cirque...l'heure tourne, 45 mn de bla-bla... Enfin, ils cèdent, ils ont peur de fairre une gaffe. Y'en a pour 300 US dollars, heureusement qu'on ne les paie pas !

Un quart d'heure, on avance vers l'avion dans le tonnerre des réacteurs, on se met à gueuler à plein poumons : - Ça y est, je crois qu'on est partis ! - Ouais... ON EST PARTIS ! ! !


 

Suite des aventures dans la page :

"En Corée du sud"

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