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Retour au Slow-Club... Mai 68

Retour au Slow Club

67-68

11 mars 67.  En septembre 61, j'avais quitté le "Slow Club" pour jouer avec le quartet de "Fofo" (J-C Forenhbach) ou avec le trio avec Jo Daly au "Vieux Colombier" pour jouer un répertoire de style swing. Cinq ans et demi plus tard, je suis de nouveau au côté de Marc Laferrière pour y retrouver la stabilité !

Le tarif des musiciens avait un peu augmenté, on était passé à 45F par soirée mais une autre surprise m'attendait : on jouait à tour de rôle avec le " Claude Luter Trio". Luter était accompagné par Roland Bianchini, contrebassiste et compagnon de la première heure et par le formidable batteur Teddy Martin qui sortait parfois son violon swingnant pour nous faire une imitation remarquable du personnage de Charlot…

Chez Marc, l'ami trombone Latzi Farkas avait émigré en Bretagne remplacé par le fidèle Rolf Buhrer passé de la trompette au trombone à pistons (merci Rolf pour m'avoir donné le goût de cet instrument).

A la clarinette René Franc, plus tard remplacé par un tout jeune et talentueux trompettiste : Alain Bouchet. Alain fera la carrière que l'on sait…

Quant à René Franc, je reverrai de ses posters beaucoup plus tard, en 77, dans les boîtes de jazz à Berlin et à Munich !

Hélas ! Maurice Martin, mon "Jo Jones" à moi n'était plus là, remplacé par Alain Delpuech, un titi de la rue Mouffetard avec qui j'avais moins d'affinité. Au piano, Marc avait remplacé RaKo au talent d'harmoniste par Eddie Bernard, célèbre pour avoir fait une tournée en Allemagne et quelques enregistrements avec Django en 1947.

Dans le milieu des musiciens Eddie était aussi réputé pour ses frasques, notamment, celle concernant sa disparition pendant une semaine en compagnie de son grand ami Miles Davis…

Eddie en virtuose jouait des morceaux de Scott Joplin, de Jelly Roll Morton, pouvait accompagner à la Fats Waller avec la plus grande facilité. Sa main gauche était tellement riche et fournie que je n'avais pas grand-chose à rajouter. Seul un jeu de tuba d'un temps sur deux semblait lui convenir.

4 67 au slow club 1Au Slow-club de gauche à droite : Alain Delpuech, Alain Boucher, Lulu et sa Fender, Marc le chef, Eddie Bernard et Rolf Buhrer.

Quant à Marc, d'énormes progrès de justesse m'ont sauté aux oreilles, son lab aigu (en ut), note supérieure de " Petite fleur" était devenue parfaitement  juste… Avait-il travaillé sa technique instrumentale ? ou la facture de son soprano était-elle de meilleure qualité ? je n'ai jamais osé le lui demander…

Recemment, avec Marc nous parlions de cette époque … Une question me taraude, je l'interroge : " Qu'est devenu Rako ?, la dernière fois que je l'ai vu ici, les infirmiers de St Anne l'emmenaient à l'hôpital pour délirium tremins… tu te rappelles? c'était un dimanche après-midi le Slow était bondé, il s'est levé de son piano, s'est mis au milieu de nous, les bras écartés : je l'entend encore : "… arrêtez vous, Dieu est là, je le vois, il a la forme d'un cercle…" Et toi qui te retourne : " Fais pas l'con et joue…!! "

Marc me raconte la suite :  "… il est resté plusieurs mois à l'hôpital ensuite il est parti aux USA, a écrit des musiques de film a même fait un Hit parade qui lui a rapporté des millions de dollars… Il vit de ses rentes dans un appartement au dessus du "Bilboquet" place St Germain des près ! Tu pourrais aller lui dire bonjour…


Le lendemain je vais en fin d'après midi chez  Mr Paul Rakotonirina. Tel un bouddha au milieu de son lit, Paul était entouré de petites nanas toutes plus belles les unes que les autres !  " Tiens Blot ! qu'est que tu fous là ? Je vais te faire écouter un de mes derniers enregistrements"...


Le phénomène Rako...

Marc se souvient : "Ah! Rako quel phénomène !… Tu ne sais pas le coup qu'il m'a fait, je crois que tu étais déjà parti au Japon…"

-Raconte… :  La veille d'un gala, Rako me téléphone vers 2h du matin, après le Slow-club : "Demain je ne pourrai pas venir mais ne t'inquiètes pas je t'envoie un remplaçant… - Et tu me préviens maintenant ? -T'inquiètes pas il sera au rendez-vous, j'ai tout prévu."

A l'heure dite, un homme de couleur aux  traits asiatiques se présente : "Je suis le frère de Paul… - Ah bon, je ne savais pas que Paul avait un frère musicien…"

Marc me raconte comme si c'était hier : "Il s'installe devant le piano. Après avoir annoncé "Royal Garden blues", je donne le tempo du pied, on fait l'intro : le piano reste muet tout le temps du morceau… Panique dans l'orchestre…

Son frère ne connaissait aucun morceau, n'était même pas pianiste du tout ! Alors j'ai pris le micro pour annoncer que le pianiste venait d'avoir un malaise, une connerie du genre… Puis,  j'ai demandé si par hasard dans la salle, il n'y aurait pas un pianiste de Jazz… T'imagines ?

La salle devait contenir 500 personnes, un type s'est levé s'est mis au piano, son jeu était  très correct et tout s'est bien passé ! Le lendemain matin, j'appelle Paul, au saut du lit, à midi : "Dis donc, t'es un beau salaud, tu t'es foutu de ma gueule hier soir, ton frère était incapable de sortir une note… Sa réponse fut désarmante : "Oui ! mais il est Malgache !!! " J'entends encore son rire en crécelle !


La surprise des vignettes :

Depuis 1961, date à laquelle j'avais quitté l'orchestre, l'orchestre de Marc avait toujours autant de succès et d'affaires. J'avais conservé également les vignettes reçues dans l'orchestre de Jacques Hélian : j'avais un beau paquet de quelques centaines de vignettes depuis le début de ma carrière professionnelle.

Beaucoup plus tard, dans les années 80, quand j'ai préparé ma retraite à l'ANPE d'Auxerre, ce fut la surprise : "Aucune de vos vignettes ne font apparaître un quelconque pourcentage de retraite ! Elles vous permettaient juste de vous couvrir en cas de maladie… c'est tout" )


En mars 67, on joue le 3 pour l'émission "Provence parade" à l'ORTF de Marseille pour un  cachet de 75F, le lendemain gala… (pas de vignette). Le 11 on est à St Palais sur Vic dans les Charentes pour un cachet de 200F, le lendemain à Rieupeyroux dans l'Aveyron pour 200F et le 26 dans "Le Vieux Bourg"  dans les Côtes du Nord  pour 200F également.

4 67 au bois de boulogne

Au Bois de Boulogne, on pose pour la pochette du disque.


Mavis bois de boulogne

Au bois de Boulogne : Mavis toute heureuse ou la cerise sur le Bateau...


En avril 67 , on joue le 9 à Etauliers (33) pour 200F, le 15 on est à Valduc (55) pour le commissariat à l'énergie atomique au cachet de 250F. Le 18, gala  à Versailles pour le groupe parisien des X,  cachet de 180F . Enfin le 30 avril on passe en attraction au bal du dancing Fex pour 100F.


Le 3 mai : enregistrement "Decca" 126F40 la séance. Le 13, on a un gala  à St Macaire en Mauges (49) pour  200F

Morceaux extraits du disque : Rag-time all time (Michel Attenoux) et At the Jazz Band Ball (La rocca- Shields)  Eddie Bernard (p), Alain Delpuech (dms), Michel Attenoux ( alto) Marc (soprano) Rolf Buhrer (tb à pistons)

 

Le lendemain on est à Marsac/don en Bretagne au cachet de 150F. Le 30, on fait  le gala des anciens élèves de l'Ecole Centrale à Paris au cachet de  180F. En juin, on fait le 65e Congrès des Notaires de France à St Malo.


Dans l'orchestre de Maxim Saury...

du 25 juillet au 25 août 67, je remplace le bassiste Guy Ray qui prend ses vacances pendant la tournée d'été. Le groupe de Saury à l'époque était composé de Michel Camicas  au trombone, de Jean Claude Naude  à la trompette, de Maxim à la clarinette, de Gérard Raingo au piano et de Robert Peguet à la batterie. Une vingtaine de galas aux 4 coins de la France aux cachets de 250F. (mais sans vignettes !)


Début septembre 67 : Retour au Slow-Club avec Marc. Les galas reprennent doucement : le 12 à la Tour Nobel Rhodiaceta à Puteaux pour 150F. Le 29 : Deuxième séance d'enregistrement chez "Decca" cachet : 285F 80.

En octobre : troisième séance chez Decca  pour 133F, 90

Morceaux joués : My blue heaven (Donaldson-Whiting), That my home (S.Robin), Anémone (Claude Gousset) et That's a plenty (Polack-Gilbert)


Le 28 : Gala à Lille caisse de Secours Mutuels du SNCI au cachet de 350F. Concert JMF avec bulletin de salaire de 146F 72 ! En novembre, le 18, gala à Ecole "Sup Elec" à Malakoff, cachet de 220 F. Le 25, on est à l'Ecole Normale de Bar le Duc (Promotion Tokyo) au cachet de 250F. En décembre 67, le 2 on joue à Versailles au cercle des élèves de l' ENSH pour un cachet de 250F.Concert JMF avec bulletin  de salaire de 200F.

4 67 la sortie du slow clubAutour d'Aimable ! : En haut Lulu Blot et sa Fender de Hong-Kong ! En bas à gauche : Alain Delpuech, au milieu : Marc et  Eddie Bernard. En haut à droite : Rolf Buhrer au trombone à pistons, Alain Bouchet (Tp) et Claude Luter (Clar.)


1968

En janvier 68, le 15 on joue à France Inter pour un cachet de 100F, le 26 à Paris à l'Ecole Sup de chimie pour 200F. En février , le 10, à St Palais sur Vienne pour 300 F, puis 3 concerts JMF avec l'excellent musicien  Michel Attenoux au sax alto (une pointure au dessus de nous tous!)

Michel qui jouait déjà dans les "Gros Minets" amenait lui-même quelques affaires… Petit à petit, il prendra la place d'Alain Bouchet qui rejoindra Christian Morin et Dany Doriz (vb) à la Huchette.

A partir de 72 Alain Bouchet fera carrière avec Maxim, pendant 20 ans ! Quand nous étions en province, Marc prenait souvent les "Tin Pan Stompers" composé de Gérard Bagot (wb), de Jean-Marie Bonnet Dupeyron (cb), de son frère Jackie (tb), de Jean-Pierre Dechaume (cl et p), et de Jean Paul Voegelin (s.s.)

5 68 les carottes

En février, le 17, on joue à la Mairie de Pantin pour 250F et le 24 à Angers au "Grenier St Jean" pour 250F.

En mars 68, un second disque est en voie de parution chez "Decca". Les deux séances d'enregistrements se feront avec Michel Attenoux. Pour un cachet  de 492 F. le 9, on joue à L'Ecole des Pilotes de Ligne de Saint-Yan au cachet 300F.

A lui seul ce gala mérite qu'on s'y arrête … On prend place dans un DC4 de 40 places, on joue à 2 orchestres, celui des " Piteuls" est  monté avec nous…

Le décollage se passe comme prévu, soudain une porte se détache de l'avion, Eddie Bernard faillit s'envoler ! Le pilote avait tout simplement oublié d'en vérifier le verrouillage… à 3000 mètres ça faisait un sacré boucan, l'avion a plongé brutalement, c'est redressé. Puis on a fait demi-tour pour changer d'appareil !


 L'heure de la paye...

Après la distribution des enveloppes (toujours vers le milieu de la prestation : très bonne initiative de Marc), après notre dernier passage, il fallait arroser ça… Rolf et Eddie étaient déjà au bar, Rolf digne et fin saoul comme un gentleman anglo-suisse, Eddie comme quelqu'un qui se demande comment il va bien s'y prendre pour descendre de son tabouret de bar ! 

On couche à l'école. Au petit déjeuner, pas d'Eddie… Au décollage toujours pas d'Eddie... Marc, énervé : " Il prendra le train, ça lui apprendra…" L'après midi du dimanche : pas de pianiste au Slow-Club! . Marc téléphone chez sa mère, " Non, il devrait être au Slow… Moi, je vous l'avais confié…! ".


 Les frasques d'Eddie...

On a su, quelques jours plus tard qu'il était resté à la base en passant son temps à draguer les pilotes, puis, c'était fait reconduire à la gare. Marc et la maman d'Eddie avaient entre temps fait une démarche dans l'intérêt des familles.

Quelques semaines après ce gala mémorable, on a eu des nouvelles de notre phénomène : Une femme de chambre du luxueux hôtel "Claridge" à Paris s'inquiétant de ne jamais voir : " le Monsieur qui signe sa note en commandant une bouteille de whisky chaque matin et une autre chaque soir, toujours dans l'entrebâillement de la porte", alerta le directeur de l'hôtel…

Plusieurs dizaines de bouteilles jonchaient la chambre… Les autorités ont découvert Eddie, nu comme un vers, ses vêtements étaient disparus ! Roulé dans une couverture, il fut l'emmené en désintoxication … suicide ?, on n'a jamais su…

Au Slow-Club, Gaby Garvanoff remplaça Eddie. Philippe Baudoin arrivant d'Algérie, venait souvent bœufer au piano pour se faire connaître… Ah ces conversations jusqu'à plus d'heure dans ma dodoche, Philippe semblait passionné par le Japon !  Il a du être servi !

Toujours en mars : Le 16, on est à Villeurbanne près de Lyon (INSA) cachet 300F. Le 23, à Cachan banlieue de Paris, cachet : 200F. Le 30, à Vandoeuvre (54)  gala ISIM cachet : 300F . On fait également 2 concerts "Jeunesse Musicale de France" pour un bulletin de salaire de 400F.  En avril, le 27, on fait le bal du Palais d'Orsay (Ass. ICSB) au cachet de 200F.


Les "évènements" de 1968

En Mai 68, on sera la boîte la plus pleine de Paris, nous n'étions pas en grève ! Aussi, nombre de manifestants les yeux rougis venaient respirer entre deux manifs…

On fera un autre bal au Palais d'Orsay, celui de la maison des Arts et Métiers le 4 mai pour 200F. En juin le Slow-Club ne désemplit pas ! Le 14 juillet 68 on joue dans ma banlieue, à Malakoff au Stade Marcel Cerdan au cachet de 300F . Le 10 Août mon dernier gala avec Marc se fera Place de la Libération au cachet de 350F. Le tendem Marc et Michel Attenoux, s'étaient mis depuis quelque temps à jouer à deux saxos sopranos. L'un et l'autre écrivaient les arrangements, ce fut le début du succès du sextet "Les carottes".


Les fantasques de Michel

D'après Marc, Michel Attenoux était plutôt difficile à gérer, ce n'étaient pas le fait qu'il soit notre aîné de quelques années mais plutôt son passé, riche en expériences musicales.

Je me souviens de lui, je devais avoir 18 ou 19 ans. J'avais aperçu son orchestre qui jouait lors des matinées des dimanches, au fond du parc "Au Grand Arbre" de Robinson, ce devait être en 1952 ou 1953. Mais, à l'époque, je préférais danser les mambos que jouait l'orchestre principal, très bon, dont j'ai oublié le nom…

Pour nous, "Attenoux" faisait partie des anciens du jazz à qui on devait un certain respect musical. Or, d'après Marc, il lui arrivait souvent d'accuser son réveil qui ne sonnait pas assez fort !

Je laisse la parole à Marc : " Moustache qui a monté  "Les Gros Minets" me téléphone : t'as pas vu Michel ? ça fait une semaine qu'on le cherche… d'après sa femme : elle le croit en tournée…! Tu peux le remplacer en attendant…? " Il m'annonce des dates de concerts… Stupéfait, je lui réponds : "… Mais, je ne suis pas gros …!!! - Fais pas chier ! tu mettras un coussin…"


Les boeufs du dimanche soir.

Après les matinées bondées du dimanche au "Slow" où il fallait se débattre pendant 5 m/n pour traverser la piste afin de rejoindre les toilettes ! Marc avait pris l'habitude de lâcher la bride à ses musiciens les dimanches soirs.

Il passait la plus grande partie de la soirée avec les inconditionnels du 4/21. Quantité de musiciens participèrent à ces boeufs mémoriaux :

Les jeunots : Daniel Huck (alto ou cl) Philippe Baudoin, (p) Alain Guiu (p), Marc Richard (alto), Michel Boss (cl puis tp), Christian Rameil (p) Alain Guerrini (alto) futur directeur du CIM. Jack Cadieu (tb) Daniel Barda (tb) etc

Ceux de ma génération : François de Roubaix (tb), Jacques Chrétien (tp), Jean Irigaray (tp), Stef Guerault (cl et ténor), Pierre Lamalle (tb), François Guin (tb et fl), Gilbert Lewis, Ricardo Galéazzi (tb à pistons), Daniel Zappa (tb) Marc Steckart (tb), Poumy Arnaud (dms) Jean Martin (dms), Jean- Pierre Mulot (cb), Coolie Wermelinger (cb), Michel Camicas (tb), Yannick Singery (p), Wany Hinder (cl), Charles Orieux (tb), Dany Doris (vb) etc.

Et puis les plus anciens, : ceux qui venaient revoir Claude Luter : Gilles Thibaut (tp), Marcel Bornstein (tp), Raymond Fonsèque (tb), Claude Gousset (tb), Pierre Dervaux (tp), Pierre Merlin (cn),  Mowgli Jospin (Tb), (frère de Lionel). Michel Pacout  (dms), Teddie Hocquemiller (dms), Christian Azzi (p) Benny Vasseur (tb), René Franc (cl), Maurice Martin (dms).etc.

5 68 maxim saury dauratTous les soirs de la semaine, les 20 dernières minutes réunissaient les deux orchestres, le trio Luter et nous. Sur les deux rythmiques l'une était de trop, je m'arrangeais très souvent pour être avec Teddy Martin qui jouait en "roulement vieux style" avec Claude Luter mais qui, avec moi, adaptait son jeu au style Jo Jones/Basie…

Quelquefois, le hasard amenait deux ou trois trombones Claude Gousset, Raymond Fonsèque ou Benny Vasseur qui rivalisaient d'inventions et de musicalité.

Avec des trompettes comme Jacques Chrétien et Xavier Chambon et des ténors comme Stef Guérault et Charles Barrié, la soirée terminait sur "One o clock jump" (Basie) où Teddy  excellait …

Maxim Saury venait souvent en compagnie de Robert Péguet, son copain batteur de la première heure. Claude Luter et Maxim Saury, prenaient des tempi infernaux sur "China boy", Claude plus hargneux Maxim, plus souple, à la Benny Goodman… inoubliables moments… jamais retrouvés depuis…

5 68 merlin chambon legende


 Projet d'un futur duo...?

Version "Lulu"

Mai 68 C'est la grève des musiciens, seul le Slow-club est ouvert...

Parmi les étudiants de Nanterre qui viennent après les manifs, Francine est une habituée  : "Vous avez quand même la belle vie, vous les musiciens... tous les soirs ... des nénettes... et en plus , on vous paie...- Ouai ! c'est-ce qu'on nous dit tous les soirs..."

La pause est finie. Sous le talon de Marc, l'orchestre va se lancer dans son ronronnement familier. Ce doit-être, à quelques oublis près, le 300 ième "Royal garden blues" de l'année. On ne me prévient même plus du choix du morceau suivant..., j'arrive à en sentir, d'instinct, la première basse ! C'est une mécanique si bien huilée qu'elle ne me surprend même plus. 

Depuis bientôt un an chez Marc Laferrière : j'ai une planque ! Et bien payée avec tous nos concerts en province. Aussi, certains des musiciens sont là depuis 5 ans, voir plus ! Cette routine me permet de rêver à d'autres aventures...

Je me souviens, en 61, à l'époque, c'était pour moi une consécration ! Mais tous les soirs depuis 13 mois (sauf le lundi), mes oreilles se sont endormies..., plus rien ne les surprend, elles se réveilleraient à des cheminements harmoniques plus subtils, des arrangements plus modernes... ou bien sous une autre forme de musique... Brésilienne ? Latino ? mais pour cette dernière cela demande de savoir mieux lire...

 Et puis, repartir à zéro ? Le Slow-club se porte toujours aussi bien et ne désemplit pas, on parle de phénomène social ! 

Calé dans la routine, même les odyssées de notre pianiste virtuose : Eddie Bernard ne me font plus sourire, j'invente toutes sortes de stratagèmes pour travailler ma basse : changer ma main gauche de position en cours de morceau, la "dresser" sur d'autres doigtés...

Sur le banc, le sourire gourmand de ma petite chinoise Mavis me charme et me désarme à la fois. (voir pages précédentes). Elle rêve de m'épouser et de me faire une bonne brochette de marmots rigolards... rien de tel pour vous fixer un bonhomme ! Tous les soirs, vers 10 h, la même angoisse m'oppresse : j'étouffe.


La nostalgie du voyage...

Après avoir chanté 9 mois au Japon, goûté des aventures fascinantes à Hong-Kong, swingué dans dArticle retaille 2es bons orchestres d'hôtels internationaux, j'ai retrouvé Paris, mes anciens potes de jazz, tapant pendant chaque pose les mêmes cartons d'une partie commencée quelques années plus tôt ...

Et puis, un peu moins de boîtes de jazz, un peu plus de musiciens sans boulots. Ces deux années de voyage sont bien là, avalées goulument, toujours présentes... Rien n'est plus pareil, l'Asie, ça fascine, ça vous laisse une envie permanente d'en faire partager les expériences... Ce besoin de raconter, de témoigner, ça emmerde vite les gens... le trop plein cherche à s'évader. Et puis, immanquablement, la question qui revient, la scie...: " Alors, elles l'ont en travers les gnakoués ?" .

D'après Francine qui vient tous les soirs avec ses copines du mouvement du 22 mars, dans ce seul club de Jazz ouvert, malgré la grève des musiciens, je l'entends encore avec son accent "Arletti" : "C'est bien triste à dire, mais en grande majorité, les musiciens, c'est cul et bouffe."


Naissance du duo

Et leurs aventures dans la page

New-York direction Brésil...

 

 

 

 

 

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