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Premiers pas vers la Musique

Premiers pas vers la musique...

Né en 1934 à Paris, on fait apprendre le violon au "p'tit Lulu" pendant 6 ans.

3 43 lulu et son violon 1Le p'tit Lulu dans le pavillon de Malakoff.

Papa et son accordeon 1930Papa et ses cousins de Bonneuil (vers 1930...)


Des racines musicales :

Papa, ajusteur-outilleur dans l'aviation ne manquait jamais de sortir son accordéon au cours des week-ends à Malakoff. A la Libération, venus de la Réunion avec guitare et banjo une nouvelle "cousine" et son frère entrèrent dans notre famille. J'étais charmé par leurs mélodies anciennes : valses , polkas, mais aussi, subjugué par les accords de guitare que je ne pouvais obtenir sur mon violon. Aussi, pour mes 14 ans, Lucie et Fred m'offrirent une guitare et m'enseignèrent les premiers accords. Meilleurs souvenirs musicaux à ces "cousins" trop tôt disparus.


Rencontre avec les Manouches...

Vers 15 ans, je découvre la pulsation "Swing" grâce aux talents des guitaristes Manouches de la Portes de Vanves. Au printemps, à l'abri du vent, ces très bons musiciens se réfugiaient dans les trous occasionnés par les démolitions récentes des anciennes fortifications de 1870 sur ordre des occupants allemands. Cette couronne de 200 à 300 m de large faisait tout le tour de Paris. on l'appelait : "la zône".

Ces musiciens, virtuoses, venaient jouer aussi, quelquefois, dans un bistro, rue Béranger à Malakoff. J'étais impressionné par Patzo et surtout par René Mailhes, du même âge que moi ! Son jeu influencé par le style "Be Bop" me fascinait et grâce à ses conseils, je me suis mis à repairer les passages de Charlie Parker à la radio et ceux du guitariste Barney Kessel.

Dans ce petit bistrot venait aussi un accordéoniste amateur : un ouvrier qui prenait du bon temps. Au son d'une valse, d'un paso-doble, ou d'un tango, deux ou trois couples se mettaient à danser ! Devant lui : une bouteille de rouge et un steak-frites ! Sans affiche, sans sono ni publicité. Du bonheur offert, intime, gratos... On ignorait la SACEM ! Le "bouche à oreilles" suffisait !


La Huchette : l'inoubliable...

Vers 17 ans, un copain du Lycée technique Paul Langevin de Suresnes (section radio) : (Christian Johnson) me fit découvrir le caveau de "la Huchette" où jouaient des jazzmen de style New-Orléans : Mickey Larché (tp) Claude Gousset et Raymond Fonsèque aux trombonnes. A la rythmique : Raoul Thibaud (p), Jean Marie Ingrand (cb) et Roland Oudinet (dms). Avec leurs collectives de chorus entremêlés, les couples de danseurs de bop éjectant les "timides" à coup de fessiers, cette ambiance "quartier latin", fleurie de leurs derniers zazous, le titi de Malakoff n'en croyait pas ses yeux, encore moins ses oreilles !!


A "la Cigale" à Pigalle.

Vers 18 ans, jeune monteur-câbleur chez Ribet-Desjardins, je retrouvais, les samedis soir mes copains de Malakoff à "La Cigale". En face du cirque Médrano, dans la brasserie : un groupe de 6 ou 7, noirs et métis jouaient en alternance deux répertoires, le premier, appelé à l'époque "Musiques typiques" : boléros, mambos, biguines. Puis, après une pose, ces mêmes musiciens devenait des Jazzmen. Ces excellents musiciens jouaient alors des thèmes Be bop, dont les chorus, influencés par Dizzi Gillespie et Charly Parker me passaient un peu au-dessus des oreilles...(A l'époque, je repérais surtout les passages de Django et d'Henri Salvador à la TSF !)

Sur le podium, des musiciens noirs-américains : Jack Butler (tp), Benny Waters (ts) et des jazzmen caraïbéens : Robert Mavounzi (as); Al Lirvat (tb) guadeloupéens et puis, un jeune chtimi de mon âge : Ivan Jullien qui osait faire des bœufs à la trompette...! On se retrouvera beaucoup plus tard dans le big band de Jacques Hélian ! Quelquefois se joignaient des musiciens GI's américains en uniforme ! Quelle ambiance !

1 a la csf de montrouge Une année plus tard : monteur cableur P1 : à la CSF de Montrouge (assis à l'extrème gauche)


Les premiers "bœufs" :

Vers 19 ans : Avec Yvette ma première petite amie rencontrée dans une rue de Malakoff... Facile ! : Yvette chantait des thèmes de Jazz en scat et son chien s'appelait "Be-Bop" ! ).

Plus tard on a découvert le "Baxter Club" dans un soubassement de la rue Chaptal, près du Hot Club de France . Un sextet de jazz amateur y jouait tous les vendredis soir. A la pose, en conversation avec le guitariste, celui-ci me proposa de faire un bœuf. L'organisateur du groupe semblait être le tromboniste : Jean Pierre...

En fin de soirée, Jean-Pierre Lesigne, après avoir parlé à ses musiciens et me sentant timide et impressionné, me lança : "Tu peux venir faire le bœuf quand tu veux, on joue tous les vendredis soir." Dans ce quartet jouaient : Alain Doyère au baryton, Michel Poli à la trompette, "Kodak" à la contrebasse. Un pianiste, un batteur et un guitariste dont j'ai oublié les noms...

Quelque mois plus tard, j'annonce à Jean-Pierre : "J'ai devancé l'appel pour faire mon service dans la marine ...- A bon !, tu vas dans la marine ? Moi aussi !, j'ai reçu ma feuille, mais on m'y envoie d'office...!! "


1 au service production a la csfAu service "Production " ! à la CSF de Montrouge


                         1955

               Service dans la Marine Nationale

A partir de mars 1955 je vais me taper 27 mois de service à Toulon. Le hasard me fit retrouver Jean-Pierre Lesigne, marin, tromboniste, poète et futur créateur du Drums-Club de Toulon !

Un jour, dans un restaurant du Lavandou, en tenue de marin, constatant que nous n'avions pas assez d'argent pour payer la note ! Jean Pierre sans se départir, d'une voix forte expliqua notre situation comme l'aurait plaidée un grand avocat ! Heureusement, aucun gradé grincheux n'était là : on était bon pour la prison maritime : "dégradation de l'uniforme", "propos antimilitaristes" ...etc. L'effet a été immédiat : nos repas ont été payés par un client, et la bouteille par le patron !

6 la manche au lavandou 1Quelques semaines plus tard... désormais en civil !


13 a toulon avec jean featA Toulon avec mon pote Jean Féat, celui qui se fout de ma gueule!  Si tu es toujours de notre monde, fais moi signe...


2 janv alain karm a st elmeAu Fort de Saint-Elme à St Mandrier (Toulon): 2 "planeurs" parmi une majorité d'inscrits maritimes. Mon copain Alain Karm : un lettré qui essaye de m'initier à la littérature...sic!


1 orchestre drum club 1

En 56, Grâce à l'initiative et aux démarches associatives de Jean-Pierre Lesigne, on ouvre le "Drum's club"  pour pouvoir jouer durant la saison d'hiver avec le quartet de Roger Goualch (dms). On fera quelquefois "le mur" pour aller, en scooter au "St Jam's" de Marseille bœufer avec André Busu (g), Henri Byrs (p), Marcel Zanini (cl), et "La pogne" à la batterie.

L'été, on allait chez Poupoune à Sanary. Un très bon quartet de Jazz et typique jouait tous les samedis, le "Cha cha" était la nouvelle danse en vogue... Au ténor Bob Garcia fabuleux musicien que j'aurais le plaisir d'accompagner, 8 ans plus tard, dans le Big band de Jacques Hélian...


Octobre  56 : L'Expédition de Suez 

 

9 vers suezA bord du cuirassé Jean-Bart, Jean Pierre, cette fois employé au mess des officiers subalternes avait proposé à l'un des lieutenants qui aimait le jazz de monter un groupe pour l'expédition de Suez (ce n'était pas le lieutenant J.M. Le Pen qui lui, participait au débarquement des paras).

En 48h, je suis passé du CRDT de St Mandrier au cuirassé Jean-Bart.

 

10 orchestre a bordMotif : participation au moral des troupes


1957

Au "Drum's Club" de Toulon

1 benny bennet 57

Notre batteur : Roger Goualch cède sa batterie à Benny Bennet, Luis Fuentès et un autre trompette (Michel Poli ?), dont on aperçoit la main, renforce notre groupe. A droite, notre ténor, le regretté Eugène Meynier. Accompagnés par Benny, ce fut pour nous un super bœuf, une soirée inoubliable, loin des beuveries habituelles du Fort st Elme !


Les moutons de la marine...

De Janvier à avril 57. Débarqué du Jean-Bart en 24h ! pour refus d'utiliser mon hamac suspendu aux crochets, (une de mes vertèbres s'y refusait), je me suis retrouvé à garder les moutons de la BAN de Berre ! sic...

Après 2 ans de service, je trouvais le temps très long, aussi, j'avais consulté le docteur (un civil) de service à la base. Le docteur ayant bien compris mon problème d'allergie à l'encadrement militaire me fit cette proposition: "Un poste va se libérer.. Il est habituellement réservé aux pauvres gars, inscrits maritimes qui savent à peine parler le français... Entre eux, ils parlent Breton..., ce poste consiste à garder 12 moutons sur la base aérienne désaffectée, sur place, vous utiliserez un vieux vélo, car ils vont d'un trou à un autre..."

Je croyais à une blague !!! , il continue : "Oui, pendant la guerre, ce terrain d'aviation a été bombardé, ces immenses trous sont très humides et couverts d'herbes... Ces moutons appartiennent aux officiers subalternes de la base".

J'ai sauté sur l'occasion et j'ai pu passer mes 3 derniers mois de service avec mon pliant et un squelette de vélo. Cela m'a permis de découvrir Marcel Aymé, quelque Balsac et surtout de dévorer "Les Misérables" du grand Hugo. Tellement absorbé... qu'un jour, en relevant la tête, tous mes moutons avaient disparu ! Un par un, il a fallu visiter tous les trous... Là... j'ai compris l'utilité du vélo.

Je remercie ce docteur dont j'ai oublié le nom.... Huit ans plus tard, à Hong-Kong, je raconterai cette histoire à un journaliste..., son papier a fait la une des journaux d'Hong-Kong ... Voir l'article : "Dum soldier play to sheep"  dans la page : "Vie d'un musico à Hong-Kong".


La quille ! retour à Paris.

Avril 57 : Après avoir été berger dans la marine, je retrouve ma place de dessinateur "petites études" à la CEA de Montrouge.

1 dessinateur a la csf


Au bidule... rue de la Huchette

En fin de semaine, en face de la cave céèbre : "La Huchette", je joue au "Bidule" avec Wanni Hinder (cl), Gérard Huget (dms) et "Coolie" Wermelinger à la basse, quelquefois remplacé par Nino Ferrari, qui deviendra plus tard  Nino Ferrer. Souvent, on jouait en quartet à 2 guitares avec Lucien Ferrari, on l'appelait Lucien le Corse ! Il avait déjà une très bonne technique et un sens solide du swing à la Barney Kessel. Hélas pour les amateurs de Jazz, il fera plus tard une longue carrière en accompagnant Enrico Macias. C'était évidement plus payant que de jouer Barney Kessel qui n'intéressait que le monde des musiciens (de Jazz) !


Au "Tabou"

Mais c'est dans la cave du "Tabou", (rue Dauphine). dont les derniers existentialistes s'étaient évaporés que je vais côtoyer beaucoup de musiciens. A l'époque le "Tabou" était tenu par Kien "le chinois", mon copain "Momo"  était au bar. Tous les deux étaient excellents danseurs de be-bop. Aussi, autour de Momo, les filles ne manquaient pas. Il y avait foule les vendredis, samedis et les matinées des dimanches après-midi.

L'eau suintait sur les murs : c'était l'étuve… André Busu (de Marseille) et moi jouions quelquefois à deux guitares, influencé par Tal Farlow pour André, moi, j'ai toujours préférer le swing de Barney Kessel...influencé par celui de Charlie Christian.

L'excellent clarinetiste Stef  Guérault avait déjà son trio depuis un certain temps mais avec Kien et Momo (qui aimait le trombone) à la gestion du "Tabou", Stéf avait pris Jeff Mariette au trombone. La rythmique comprenait Coolie et son humour décapant à la contrebasse et Gérard Huget ou Jean Martin à la batterie. Les bœufs étaient nombreux : François de Roubaix  (tb), Jean Tordo (clarinettiste de Toulon), Ralf Schéckroun alias Errol Parker (p), Michel Cathébras, (cl) et puis Vali Mayer, contrebassiste suisse, qui venait de quitter le big band de Pierre Brun pour venir swinguer sur Paris. Un soir, un célèbre tromboniste américain  est venu mettre le feu à l'orchestre c'était Billy Byers.!  Soirée mémorable !!


Chez les pros...

 J'allais également bœuffer aux "3 Mailletz" où swinguaient André Persiani (p), Michel de Villers (bs), Guy Lafitte, et Charles Saudrais (dms). Mais, un autre style de musique m'attirait également : celui des musiques sud américaines et brésiliennes jouées dans les bars "Rive gauche" du quartier de l'Odéon.


A "l'Etable"... (métro Odéon)

 Le quartier de l'Odéon abritait des étudiants latinos, souvent exilés politiques, certains étaient musiciens et se retrouvaient à "l'Etable", où le bar était tenu par un talentueux pianiste sicilien : José "Marco". On y côtoiyait aussi Hugues Aufray encore méconnu du grand public. Hugues, en scooter, passait tous les soirs, chantait 4 ou 5 chansons, dans un répertoire riche en mélodies brésiliennes et sud-américaines et... "Les petits trous" de Gainsbourg.

Dans ce milieu latino, je retrouvais l'argentin Ricardo Galeazzi joueur de kenia dans le groupe "Los Incas" mais aussi excellent jazzman (contrebasse et trombone à pistons). Vali Mayer, solide bassiste, parlant 4 langues, côtoie également tous ces milieux musicaux.


José Marchèse : un phénomène musical !

Mais, c'est surtout le pianiste José "Marco" qui va le plus m'impressionner par son métier. Né à Tunis dans le quartier Sicilien, depuis l'âge de 14 ans, il jouait avec son père en professionnel. C'était un pianiste-chanteur surprenant, "tout terrain", de Henri Salvador à Nat King Cole, fana du pianiste Horace Silver. Il connaissait certains thèmes des Jazz Messengers ! Mais, encore plus surprenant, il pouvait jouer des montunos cubains ! Il me fit connaître les disques de l'Orchestre Cubain d'Aragon et ses violons : les "Charanga".

Ce sicilien de Tunis, de son vrai nom José Marchese  deviendra plus tard le leader du célèbre quartet "Les Latins" dont Vali Mayer sera le bassiste pendant plusieurs années. A l'étable, José m'encourageait à venir chanter avec lui...

C'est dans cette ambiance jazz et latino, parmi les inoubliables mélodies de Henri Salvador, de Charles Trenet que José et Hugues Aufray vont me faire prendre conscience que je pouvais vivre de la musique, dès lors, j'ai  décidé de franchir le grand pas...


Suite dans la page :

De 58 à 60 :  Devenir profssionnel ??

 

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