Retour à Münich... et Berlin

 

Un duo... père et fils ?

 

Eté 77 . La saison terminée à Chamonix, on rentre à Pontaubert près d'Avallon, Olivier, à 17 ans, "assure" à la guitare. On répète en duo des thèmes de jazz et de brésilien... Olivier est heureux à l'idée d'aller jouer en Allemagne. On apprend donc tous les thèmes demandés à Münich...


23 septembre 77 : Le téléphone sonne : une voix féminine : "Je vous ai rencontré toi et Olivier à Chamonix, tu te rappelles ? : c'est Sylvie... J'étais en forum... En duo de claquettes... Je voudrais vous revoir... -Tu tombes mal, Olivier et moi, on va partir, on va jouer à Münich !

- OK ! je pars avec vous... J'arrive...

Devant le sourire de mon fils, j'allais pas dire non ! Sylvie Multon, travailleuse acharnée c'est rapidement intégrée au duo. En jazz, je lui faisais écouter en boucle des 4/4 et des 8/8 du batteur be bop Max Roach afin qu'elle les travaille avec ses pieds, en marquant le contretemps sur le tambourin. Dans les morceaux brésiliens, elle jouait la partie " tamborim" aux pieds, la cloche "agogo" aux mains tout en dansant ! Un vrai phénomène.

De sa voix juste, elle pouvait chanter des thèmes de Michel Legrand très connus en Allemagne. Soprano, sa voix collait parfaitement avec la mienne... on avait la même tessiture ! à un octave d'intervalle ... Notre dodoche nous emmena à Münich.


A Münich avec Olivier et Sylvie

A Chamonix, (voir page précédente), après les marches en montagne, les gens prenaient le thé...ne venaient pas spécialement pour écouter du jazz ! En duo, on jouait, au choix, les morceaux écrits sur notre liste ! Mais Olivier, adorait déjà Barney Kessel, Jimmy Raney... Il avait déjà les graines d'un futur Jazzman...

On présenta donc notre récent Trio à la "Cumbia" à la "Peceta Loca" puis au "Ricon latino". Deux semaines plus tard, on se produisait, certains soirs dans 2 ou 3 endroits, payés de 30 à 50 marks. Mais, rapidement, grâce au talent de la danseuse, les clients  venaient surtout pour applaudir Sylvie et ses accompagnateurs ! Olivier et moi faisions, en quelque sorte, partie du "Show Sylvie".  Ce qui plaisait de moins en moins à Olivier !


La goutte d'eau... qui mit fin au Trio ! !

5 décembre 77. Un soir, dans l'une des boîtes où l'on passait tous les soirs, " Peceta loca" ou "Novak" ?, le patron, francophone, sans nous avoir prévenu..., avait fait venir la télé. Il présenta le trio avec une discrète petite tape sur les fesses de Sylvie suivi d'un "Allez, vas y ma cocotte"...

C'était trop pour Olivier... qui, aussitôt, prit sa guitare, son ampli et nous laissa en plan, tous les deux, déconcertés devant les techniciens et les spectateurs médusés ! Le soir même, on était viré... Notre trio avait tenu 2 mois !

Le lendemain de ce minidrame, sur le trottoir, devant son "club", le patron, l'air grave m'a dit :

- Philou, ce n'est pas la peine de rester à Münich, tu t'es grillé... Il faut que tu tiennes ton fils... En Allemagne, on est des gens sérieux"...


Un boeuf mémorable !

Le lendemain, dépité, mais décidé à retrouver du boulot, je me pointe dans une boîte de Jazz où le nom de Barney Kessel était encore à l'affiche. J'apprends que Barney, entre 2 contrats venait de jouer une semaine en solo et qu'il venait juste de partir... Un ampli était sur le podium, je montre ma guitare et demande au patron si je pouvais "faire un essai..."

J'entame mon répertoire brésilien de Jobim par "Meditaçao" : ...Que na crédito... Un black prenait son dernier whisky au bar. Je l'observe : il sort une flûte de son étui, vient vers moi et me demande de refaire l'introduction des 8 premières mesures en boucle...

Et là, il me sort des chorus extraordinaires... 10 ou 15...! ! La salle et le bar étaient vides, le service s'impatientait ! A la fin, ce musicien fabuleux m'offre un dernier verre. Son accent américain me déconcertait mais suffisant pour comprendre qu'il était en tournée avec Lionel Hampton et qu'il s'appelait Franck Wess !! Ouah !


Le 7 décembre : Olivier et Sylvie regagnèrent la France...à Sénary (84) chez la mère d'Olivier...


A Berlin (8 mois)

9 décembre 77, le lendemain, je pars à Berlin où j'avais encore des adresses allemandes du Club Med de Sveti Marco. Mais devant tant de gachis, j'étais déprimé...

Arrivé à Berlin, il fait nuit, je suis crevé, je passe un poste frontière... puis je m'arrête à un feux rouge. Voyant ma dodoche à l'immatriculation française, un jeune mec s'approche de moi... -T'es français ? - Oui, je suis paumé... Je dois aller à cette adresse...

- Mais, c'est à Berlin Ouest !!  Qu'est-ce que tu fous ici, tu est à Berlin-Est...! Comment t'as pu entrer ??... - ???. Ce français, ancien membre des Jeunesses Communistes, m'explique qu'il travaille ici, comme prof de français...

- Je vais essayer de te sortir de là ! Après plusieurs zig-zags autoroutiers, on arrive à un autre poste de douane ... Après de longues explications en allemand, il montre ma contrebasse dans la dodoche sans doute pour bien souligner ma "distraction", "mon innocence". Enfin, on me laissa passer.

Non, je n'étais pas un espion !!


          Berlin- Ouest

Ute une ancienne connaissance du Club Med. m'a reçu chez elle, m'a soigné d'une angine carabinée, ce qui m'a interdit de chanter pendant une quinzaine de jours, je m'entendais chanter faux ! Puis, guéri, elle me demanda de quitter son appartement. Merci à toi Ute en souvenir d'une "chaude semaine" passée ensemble à Sweti Marco !

Je me suis retrouvé dans le quartier turk à Kreuzberg chez une vieille mémé libanaise francophone. Elle me louait une chambre minuscule pour 80 marks par mois...


Riche de mon expérience à Munich en Bavière, je découvrirai à Berlin, un grand mélange de populations. A la suite de la guerre, Berlin fut coupé en quatre parties : la zone d'occupation française, la zone anglaise, américaine et la zone russe... Beaucoup d'allemands parlaient plusieurs langues...

Un groupe international :

5 a berlin groupe jazz international

De gauche à droite : Philou à la Gibson, un batteur caché (?..) un Yougoslave au vibra, Jaromir à la clarinette est tchèque, un petit bout de Philou ! ! Un Berlinois est à la basse ), le trompette est anglais. Tout le monde s'exprimait en anglais !! Dans ce groupe au répertoire de Benny Goodmann, c'était la 1ière fois qu'on me demandait de faire des chorus dans le style : Charlie Christian ! Un régal...D'après mes agendas 77 et 78, j'ai beaucoup joué en trio avec Jaromir qui jouait si bien tous les thèmes de Benny Goodman !

Dans un autre style j'ai joué dans des clubs sud-américains au "Ricon latinos" , au "Congaceiros"

28 décembre 77 : grand boeuf à la guitare dans le "Richard Trevor Trio" fameux trio anglais. L'un des musiciens m'a proposé de faire partie de leur groupe... mais, après concertation entre eux, le syndicat des musiciens anglais (très puissant...) s'y serait opposé...


5 mars 78                                 Toujours à Berlin :

 

7 tv berlin 77

Une Radio avec le groupe "Tzigane" de Henche Wess (premier guitariste (solo) à gauche. Les 2 autres guitaristes : fils et cousin. Un autre cousin : Martin Wess est au violon . Plus tard, mon copain suisse, Vali Meyer qui parle 5 langues fera partie de leur groupe, il sera également leur "manager" pendant plusieurs années. Ils seront célèbres autour du monde...

Relire les débuts de Vali dans la page : "1er pas dans la musique", au Tabou en 1957 !


Suite des aventures d'Olivier et de Philou

 

Voyage d'initiation au Portugal

 

 

 

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