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Vers le Québec 

 

Journal de bord de Francine

 

30 juin 1969.  Laredo, Texas : Un calme soudain, le strict alignement des bâtisses, rue larges, droites, perpendiculaires, pelouses rasées, enseignes ordonnées, vastes espaces bétonnés, numéros, un sentiment de vide, de désertion : on vient de passer la frontière mexicaine.

Après le grouillement : le désert ; pas un enfant dans la rue, pas une ombre ; on ne marche pas au soleil : voitures climatisées, maison climatisée, magasin climatisé. Larédo, un des points les plus chauds du globe : même température toute l'année .

Le Texas, désert brûlant ; brûlant à longer les murs ; le moindre souffle assoiffe. C'est là ! Le taxi s'arrête, le matériel s'empile devant la grille. La grille est ouverte à l'ombre de grands bananiers, une villa cossue. "C'est plus prudent de porter les instruments sous le porche.

-What d'you want ? -M. le Consul. -Just a moment." Le consul honoraire du Texas a une réputation de papa gâteau auprès des français de Mexico, "C'est votre homme" nousavait-on dit. .. Le consul est en chemisette, il porte des bottes en cuir épais ; on lui explique notre projet.

"Sors le dépliant, c'est le moment", glisse Philou. " Philou ? C'est très amusant, combien voulez vous mettre dans votre voiture ? - Entre 300 et 400 dollars. - Pour un minibus WW, c'est un peu juste.

Ah ! Ross, entre, je vous présente mon fils." Le fils, un grand morceau, plus lourd que baraqué, il porte également les bottes du texan, le consul suit mon regard : "C'est pour les serpents… Tenez mon fils va vous faire faire le tour des garages, il connaît tout le monde.- Mais papa c'est que… - J'ai dit, Ross, que tu vas les accompagner…

Quant à l'hôtel, je vous conseille de repasser la frontière, au Mexique, ce sera moins cher." Ross nous fait monter dans sa voiture, sa nouvelle voiture, une "Ford" tout à fait banale nous dit-il. "Ce n'est pas comme la "Camaro" pulvérisée dans un accident le mois dernier…"

Au coin de la rue, il s'arrête pour parler à un copain entrain de nettoyer une "Oldsmobile". Une conversation à moitié aboyée, on comprend que dalle, sauf que ça cause dollars.

On démarre. Il continue : "T'auras jamais de belles filles… Vous savez pas ce qu'il a fait mon père : il y a 2 ans, quand j'ai eu 16 ans, il m'a amené sur un terrain en plein soleil et il m'a dit : tu vas creuser une tranchée de 3 pieds sur 30 et de 4 pieds de profondeur (1pied = environ 33cm). Je lui ai demandé : pourquoi c'était faire ? Tu verras m'a-t'il dit… J'ai mis 3 jours à creuser … mais c'était pour me montrer ce que voulait dire travailler en plein soleil... Il est dur mon père, ici, il n'y a pas de place pour les faibles.

Tiens , c'est là". Ross déboîte, un cube de béton blanc, 3 pompes , un grand parking "Used car", le tout perdu au milieu de l'immense désolation aride sous le soleil… j'allais dire de plomb ! On attend dans la voiture conditionnées, il faut économiser les sorties ; Ross revient : 800 dollars, c'est trop cher

On repart. Deux , trois quatre garages, on revient vers le centre. " Et ça ! c'est un minibus WW ! " Coup de frein, on vire à gauche, la voiture tangue à droite. Petits palabres : 375 dollars. Philou regarde sous la voiture, non, rien, pas de fuite d'huile pourtant elle est là depuis un bout de temps. Vise la poussière… On met le contact, ça tourne rond.

Bien sûr, de petites bricoles : essuies glaces, freins, phare, etc… demain à 5 heures tout sera en état. OK ça marche ! La plante des pieds nous brûle à travers les semelles fines : je commence à comprendre l'avantage des bottes de cuir...

Passés la frontière mexicaine, on retourne vers la vie. Bousculés dans la cohue des ruelles à la recherche du petit hôtel pas cher, on s'aperçoit tout de suite qu'ils sont tous des "bordels", le dollar est là tout près, à 2kms ! des fortunes à faire sur le dos des filles… ça doit salement maquereauter dans le coin…

On visite des chambres crados, draps sales, portes entrouvertes sans serrure, museaux de filles en déshabillé, rafistolage de make-up, hanches arrogantes… Pour dormir, on a eu le choix entre une fenêtre ouverte sur le vacarme de la nuit ou entre les vibrations supersoniques d'un ventilo branloteux. Ah ! pour swinguer, ça swingue le Mexique…



1er juillet 1969 Le lendemain après midi, 4 mécanos sur la bagnole, ils ont beau donner des explications à Philou, il comprend rien… Philou ne parle que l'anglais (de Hong-Kong), pas le texan. Assise sur une chaise graisseuse à côté du distributeur de coca-cola, je passe des heures de décomposition entre les bouffées de chaleur et la fonte intégrale…

Le plus agréable est encore de se frotter le visage avec des bouteilles glacées. Enfin, essai sur l'autoroute, y'a rien à dire, je crois qu'on a fait une affaire.

Tournée chez l'assureur ; un quart d'heure. Vingt minutes chez le shérif pour l'achat des plaques d'immatriculation, on charge le matériel, heureux. Vers 6 heures du soir, on prend la route en direction de la mer, route rose de soleil couchant sur cette platitude morne et broussailleuse.


Dollar us in good we trust 50In god we trust (En dieu nous croyons) : Les USA ne sont pas une République !


New-Orléans

2 juillet 69 On entre dans la ville, une ville américaine comme les autres. Il nous faut bien une demi-heure pour découvrir le "French- Quarter" le vieux Carré, le berceau du jazz. "Alors tu descends ? - Fait trop chaud…

- Trop chaud merde alors ! non mais tut'rends compte toi un musico de jazz, à la Nouvelle-Orléans et tu fais des manières, monsieur a trop chaud ! non mais ! Si tes potes du Slow-Club entendaient cela, tu t'rends pas compte, ce qu'ils donneraient pour être à ta place ? Allez descends-moi d'là et qu'ça saute."


Independance Day

4 juillet: La nuit tombe sans un souffle, les rues s'emplissent de bandes joyeuses, c'est aujourd'hui le 4 juillet : "Indépendance day", leur 14 juillet quoi ! Sur les trottoirs, on vend d'immenses cocktails de jus de fruits pour 1 dollar.

Bourbon Street, la rue des boîtes de jazz, des stripteases et des bordels, une folle ambiance ; on hésite devant plusieurs boîtes. Philou tend l'oreille, des banjos s'écorchent, les tables, en faisant voler leurs chapeaux de polystyrène expansés reprennent en chœur les vieux thèmes de jazz qui ne sont que de vieilles chansons légères américaines. " Non pas ici, c'est bidon, c'est du commercial pour touristes, moi ce que je veux, c'est du vrai jazz avec des mecs qui prennent leur pied, tu comprends ? ".

On entre dans la porte suivante. Sur le plancher poussiéreux : des bancs d'école rangés devant une estrade, on se croirait au patronage ! La caissière place son monde avec autorité; quand les bancs sont pleins, le concert commence.

Y'a pas à dire, c'est du vrai vieux style, les chorus sont applaudis ou plutôt sifflés. Les musiciens, de vieux Noirs rigolards d'époque. La contrebasse, fêlée, ploume-ploume le tempo. Une technique d'autodidacte mais l'esprit, l'humeur, les couacs, tout y est.

Après chaque morceaux la caissière applaudit très fort pour inviter les spectateurs à faire de même. Personne d'ailleurs ne se fait prier. A droite de l'estrade, un écriteau : ANY REQUEST : 1 dollar. WHEN THE SAINTS… : 5 dollars, de quoi décourager les emmerdeurs qui ne connaissent pas autre-chose !

Après 20 mn, une grosse chanteuse noire, en robe de soie rouge, frétillante, vient chanter un vieux succès. Elle chauffe terrible, puis, un jeune noir, tout en jambes, vient faire son numéro de claquettes dans un nuage de poussière. Il bondit entre les bancs, le béret à la main ; il doit en faire quelques uns dans la soirée pour assurer sa croûte…

Philou reconnaît que c'est chouette, bien qu'on soit loin paraît-il du niveau des Teagarden, Barney Bigard, Maxim Saury, Claude Luter et autres Sidney Cattlet et Cosie Cole. Après avoir applaudi bien fort le dernier morceau, la caissière ouvre le rideau : il faut sortir ! On nous a montré les authentiques-musiciens-noirs du "Preservation-Hall", pendant une demi-heure !


"ENTREZ, ENTREZ, MESSIEURS-DAMES, ENTREZ ! DANS 5 MINUTES ON COMMENCE !

"Dehors une cinquantaine de personnes attendent sur le trottoir… Nous, dans la rue, on se fraie un chemin dans 10 centimètres de confettis, l'ambiance a encore monté, plus nombreux encore que les boîtes de jazz, les strip-teases entrouvrent habilement leur rideau à franges de l'entrée ;

Quand l'œil titillé par des cuisses frissonnantes et des mamelles en liberté s'approche, le gardien referme le rideau et invite à consommer à l'intérieur. Des cafés, des terrasses, on aurait bien envie de rester mais la route est longue, il faut trouver un coin pour pioncer.

Dans le minibus, j'ai droit à un historique complet de l'histoire du jazz, depuis les premiers musiciens qui jouaient dans les bordels et se saoulaient la gueule jusqu'à la recherche révoltée de Coltrane en passant par les fous du be-bop, avec ses géniaux Charlie Parker. et Dizzi... puis les "cool" de la Côte Ouest, Stan Getz, Lee Konitz... Philou parle encore, je baille en opinant mollement.


Notre minibus à des problèmes...

Il a trottiné pendant 2 heures, maintenant ça déconne ! On s'arrête,  toujours les freins, même comédie... le cric... desserrer les mâchoires... les enjoliveurs bouillants, rien à faire, elles se resserrent d'elles-mêmes.

Ce soir, on s'arrête en Caroline du sud, juste après Grennville. On a bien parcouru 40 milles en dehors de l'autoroute pour trouver un chemin de traverse en pleine forêt, celui-là complètement abandonné, témoin : la forêt qui commence à reprendre sa place.

Bien abrité par le feuillage épais, ni vu ni connu, on ferme les rideaux presque terminés avec des bâillements d'aise. En pleine nuit, des coups sourds sur la tôle… Philou, en plein sommeil : "Qu'est-ce qu'il y a ? "

Un type, c'est bien un type, cogne sur la porte de toute ses forces en hurlant on ne sait trop quoi : quand on dort, on dort en français, nous ! Finalement , on entend : "PRIVATE" et "GET AWAY". Au clair de lune luit un canon de fusil…

- Prends le volant, j'ai pas mes verres de contact ! dit Philou  - J'peux pas j'suis à poil - Putain, moi aussi j'suis à poil, guide moi alors, sans mes verres…c'est la vraie taupe ! La clé de contact, où t'as foutu la clé ? - Mais c'est toi qui l'a rangée… Ça va, ça va, elle est là, alors tu t'magnes !

On démarre… "Attention y'a un tronc d'arbre… - Où ça ? -A droite ! Mais non, tourne à gauche, c'est le tronc qu'est à droite, tu vois pas ? - Mais non, j'te dis qu'je vois rien.- A gauche, tout droit maintenant, attention les branches… - Où ça ?

Trop tard. Braoum !! Le pare-brise a vaillamment résisté. 500m plus loin, on éteint les phares, faut pas s'faire remarquer cette fois, manquerait plus qu'on tombe sur les flics. Sur le bord de la route, une petite église en planches entourée de son cimetière de gazon, tant pis pour les morts, ils sont morts, nous, on a sommeil.


La cata !!

10 juillet 69 : Ça fait 10 jours qu'on roule, on a vu qu'un seul accident, c'est incroyable comme les américains conduisent calmement. Hier soir, nous avons vu le petit panneau Virginia. Malgré un deuxième passage chez WW, les freins serrent toujours.

A peu près, toutes les 2 h : même cinéma ! le cric, la grogne, la lampe de poche, le tournevis, la came à tourner et on repart. Ce soir, nous serons à Washington, le but approche, dans 2 jours, Montréal ; là, l'aventure recommence.

Enfin, pas besoin de piaule là-bas ; on arrive pas à faire moins de 6 dollars par jour, sans compter l'essence et les emmerdes de bagnole. Youpie ! je finis mon dernier rideau, tout ce qu'il y a de coquet.

"Tiens, qu'est-ce que c'est ce bruit ? -T'as entendu ? - Un peu, oui,- tais-toi... j'écoute … C'est peut-être rien. - Merde, merde, merde… - C'est grave ? - Ça à l'air, ça clapote…," Le bruit d'une pièce de ferraille qui se ballade dans le moteur.. On arrête. L'huile gicle de partout, le carter a éclaté.

Le moteur est foutu. On mesure l'autoroute qui s'allonge, interminable, la vaste plaine déserte ensoleillée… C'est trop drôle, c'est trop gros, c'est un gag. Un énorme fourire, on en peu plus, on se plie en deux, on s'écroule sur le gravillon du bas-côté. Il faut reprendre son souffle…


Un dépanneur en herbe !

Philou arrête une voiture, le chauffeur, jeune, petites lunettes et cheveux ras, sort une petite boîte à outils rutilante bleue avec un petit cadenas miniature. Il n'a pas l'air de mesurer l'ampleur des dégâts. On le regarde, comique, avancer un tournevis ; tout ce qu'on lui demande, c'est d'avertir le plus proche garage pour envoyer une remorque. Il acquiesce et repart, diligent.


Plus que 3 cylindres ! !

On attend bien une heure : 4 h ; on va pas coucher là, tant pis on va essayer de rouler comme ça. Contact : le moteur tourne sur 3 cylindres, l'autre fait ce qu'il peut, cogne, tape, la bielle ne sait plus où donner de la tête ! A un certain régime, elle faire relativement moins de bruit : 5 km/h, essayons de passer les vitesses, deuxième, troisième, au dessus de 20 à l'heure, c'est intenable, je me bouche les oreilles, j'attends une formidable explosion qui ne vient pas, on n'y arrivera jamais, c'est comme ça que le voyage a commencé : sans lumière, c'est comme ça qu'il va se terminer : sans moteur !

Enfin une ville, un garage, des champs de voitures à vendre nous narguent, des centaines de voitures neuves, d'occasion, des belles bagnoles luisantes, avec de beaux moteurs refaits à neuf ! Avec les 300 dollars qui nous restent, c'est une provocation !

Le point WW est à l'autre bout de la ville, encore 3 milles, des hoquets de plus en plus rapprochés, des gargouillements, 1 mille, notre WW se traine, supporte la torture.

Retournée dans tous les sens à la lumière de l'évidence, la situation s'impose : il n'y a plus qu'à prendre un bus "Greyhound" jusqu'à Montréal. Compatissant, le garagiste propose de nous emmener à la station.

On empile les valises, amplis, baffles, haut-parleurs, caisse d'instruments, pieds de micros, on replie notre bordel étalé dans le confort précaire du minibus, je détache mes amours de rideaux. Tant pis je m'en ferai une robe ! C'est un joli tissu, robuste, garanti grand teint, original...

On se dit qu'après tout, ce n'est qu'une séparation temporaire, dès qu'on aura assez de fric, on reviendra le reprendre moteur à neuf, après tout Montréal n'est pas loin 800 bornes à peine ! Quand même, fini la liberté, les nuits dans la forêt. A pied qu'on se retrouve. Avant, on était des romanos, maintenant, on n'est plus que des vagabonds.

Le Greyhound nous emporte, rapide, sûr, un voyage sans histoires. En pleine nuit, on entre dans New-York : une heure d'arrêt, changement de bus. Un noir nous tombe dessus, aboie sur nos petites gueules abruties que le transport des instruments : ça fait 2 dollars de plus.

On mesure les 300 m à parcourir… On se fait arnaquer avec lassitude, indifférence. Au snack, il n'y a vraiment pas autre chose que des hamburgers et des "french-fries" ; par dépit, j'asperge mes patates de ketchup. "Tu manges cette cochonnerie ! maintenant ? -C'est vachement bon, essaye."

Le bus nous emporte dans la nuit conditionnée et ronronnante, berce des visions de moteurs éventrés, de pétarades furibondes, de rideaux arrachés par la tourmente…


A la frontière américaine.

11 juillet 69, 6 h du matin : Le réveil est morne, la bouche pâteuse, le matin humide, on relit la lettre de recommandation que nous a écrit Guy Latraverse chez Bouteille à Mexico. On sort notre lettre : Poste de frontière américain : un tampon de sortie… Deux cent mètres nous séparent du Canada…


Poste de frontière canadien.

On parle français. " C'est quoi toutes cette affaire de bagages, qu'est-ce que c'est ?" On ne peut nier l'évidence...

"Vous avez un contrat ? - Mais non, on voyage en touristes... - Avec tous ces instruments, vous ne pouvez pas rentrer en touristes ou alors vous versez un dépôt de 2 000 dollars canadiens, c'est le règlement. - On ne les a pas.

- Alors vous devez retourner aux U.S.A." ... Un contrat... 2 000 dollars... Il ne se rend vraiment pas compte... "Vous pouvez laisser les instruments en dépôt...". Les instruments, toute notre fortune, notre gagne-pain... et pas question de glisser un billet dans le passeport, on n'est plus au Mexique. Notre belle lettre nous semble bien légère fasse à la rigidité administrative. Ils vont nous rire au nez !

" Il faut peut-être mieux lui téléphoner…. - 6 h 30, c'est trop tôt, surtout pour un imprésario, il doit se coucher tard, tu penses. - C'est notre unique recours. - Et s'il n'est pas là, tu sais ce qu'il nous a dit : toujours en voyage. -Y'aura plus qu'à attendre entre les deux postes frontières. -

Attendre quoi ?... tu rigoles, les immigrations c'est la hantise des voyageurs à cheveux longs… un sac à dos et on épluche les passeports. On demande une garantie en argent, y'a rien de plus con que les immigrations. A la frontière américaine on nous a bien pris notre couteau à éplucher les patates sous prétexte que c'était une arme blanche alors qu'on peut acheter un fusil à lunette chez n'importe quel armurier !

J'y pense : Verrault, le Canadien que j'avais rencontré au Japon en 64, il habite Montréal, il m'avait dit que si j'avais un pépin, je lui téléphone. -Essaie toujours... - Un ennui, c'est que des Verrot, des Verrault avec un R ou deux, sur l'annuaire, y'en a des pages entières… - Essaie-les tous. -Téléphone, toi... -T'es gonflé, j'le connais pas ton mec, moi.

Je m'assoie sur la banquette de bois ; il y a quelques jours, on se réveillait béats, avec les oiseaux et la rosée. On est arrivé, mais c'est pas l'euphorie… j'allume une cigarette, amère, sale gueule cet employé de l'immigration ; complètement abruti.

Je vois Philou dans la cabine qui se gratte la gorge d'un air affable. Au réveil, les "Verrault" n'ont pas l'air loquace, Philou se lance dans son baratin : "Est-ce que par hasard vous ne seriez pas M. Verrault qui serait allé au Japon, à l'expo de 64 ? " . Sortir un brave "Verrault" de son sommeil pour lui parler du Japon alors qu'il n'a probablement jamais quitté son Québec natal... - Ah ! excusez-moi..."  Philou ressort de la cabine, bredouille. Il en a trouvé un qui est allé au Japon mais à l'époque, il était en Australie !

7 heures 30, tant pis, j'appelle Latraverse. Une sonnerie, 2, 3.  "Allô ? Je voudrais parler à Guy Latraverse - Lui-mê...             -Excusez-moi de vous réveiller, mais...".

Il a le réveil clair et dispo, il se rappelle… ouf ! de nous avoir rencontré, je lui raconte la merde dans laquelle on se trouve… "Rappelez-moi ici dans une heure, je vais voir ce que je peux faire."

Je crois que c'est gagné, quand on est impresario de Charlebois, qu'on fait venir Mireille Mathieu, Aznavour ou Enrico Macias, on peut bien sortir de la merde deux petits morpions inoffensifs dans notre genre. Après tout, c'est lui qui nous a conseillé de venir au Canada, il aurait pu nous prévenir quand même, il a sûrement cru qu'on se dégonflerait ;  ça n'a pas tardé, un mois plus tard, on lui tombe dessus !


.Suite dans la page

Dans la "Belle Province" :

Montréal


Philou : Toute la première partie de ce voyage, depuis New-York jusqu'au Québec, a été écrite par Francine. En ce qui concerne le Québec, elle n'a pas hésité à relever toutes les phrases courantes du parler "joual". Puis, notre vie, "nord-américaine" aidant, petit à petit, son envie d'écrire, de taper ses textes s'est émoussée…

En 1976, à "Sveti Marco" je faisais partie de l'équipe d'animation du Club Méditerranée, c'est au cours de cette saison que je me suis mis à la tâche : réécrire nos souvenirs… en me guidant des notes manuscrites de Francine, de plus en plus espacées...

 

La  communauté  spirituelle  d'Osho" préala - blement  nommée " Bahgwan  Shree Rajneesh "  a  fait  scandale  dans les médias,  dans les  années 70-80. Cover 50 copie Depuis la diffusion sur Netflix, le 16 mars 2018, de "wild Wild Country, son héritage est à nouveau durement controversé. L'auteure, qui vécut dans ce ferment spirituel de 1976 à 1990, relate dans "Toutes les couleurs du soleil levant" sa propre expérience. Une autre facette faisant ressortir beauté, amour, la portée  universelle de cette alternative spirituelle ainsi que la profondeur des enseignements du maître. Un témoignage direct et sans compromis de cette aventure bouillonnante, titanesque et passionnée entre l'Inde et l'Etat d'Orégon, aux USA. Francine seul eberlin

 

 

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